S’il vous plaît, finissons le travail !” a lancé le sultan Al Jaber ce vendredi 8 décembre aux négociateurs des pays, après la journée traditionnelle de pause de jeudi. Il a mis au travail quatre binômes de ministres des pays développés et du Sud pour débloquer les discussions et a demandé une troisième version du projet d’accord, où les fossiles doivent être cités, dès vendredi après-midi.
Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrolière Adnoc, a prévenu les 197 pays participants qu’il voulait clôturer la COP à l’heure, mardi à 11 heures locales, ce qui serait exceptionnel, sachant que les quatre dernières COP ont toutes dépassé leur fin prévue de plus de 24 heures.
Le patron à la personnalité méthodique ne cesse lui-même de parler d’une COP historique, depuis le premier soir, le 30 novembre, quand les pays ont adopté une décision historique sur la mise en œuvre d’un fonds pour aider les pays pauvres à payer pour les “pertes et dommages” climatiques. “Nous avons surpris les sceptiques et inspiré les optimistes”, a-t-il encore insisté ce vendredi.
Il n’est pas le seul à le dire, malgré le suspense qui reste entier sur la forme d’un accord final autour des énergies fossiles. “Je suis allé à beaucoup de COP, et je ressens une énergie différente ici, un autre sentiment d’urgence et de mission”, a témoigné John Kerry, l’émissaire américain, mercredi.
Une poignée de pays, dont la Chine, premier consommateur mondial d’énergies fossiles, et l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, se sont opposés pour l’heure à la mention d’une réduction (“phase-down”, en anglais) ou d’une sortie (“phase-out”) des énergies fossiles dans le projet d’accord.
Leur opposition est en balance avec les deux options de formulation citées dans la 2e version du projet d’accord, datant de mardi :
- “Une sortie juste et ordonnée” des énergies fossiles ;
- Ou l’engagement d’“accélérer les efforts en vue d’une sortie” de ces combustibles brûlés “sans dispositif de captage des émissions, et de rapidement réduire leur usage pour atteindre la neutralité carbone” d’ici 2050.
Cette dernière formulation fait écho à celle employée par les deux plus puissantes économies mondiales, États-Unis et Chine, dans une déclaration commune en novembre : “accélérer suffisamment le déploiement des renouvelables (…) afin d’accélérer le remplacement de la production d’électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz”.
Mais des formulations alternatives à ces options peuvent encore surgir : “ce n’est pas binaire ou trinaire, il faudra trouver quelque chose qui permette d’avoir un consensus”, confie un négociateur du camp de la sortie.
Le groupe des pays arabes et l’Arabie saoudite en particulier sont “très obstructionnistes”, confie un observateur membre d’une ONG.
“Ryad veut montrer clairement qu’ils ne changeront pas leur politique énergétique sous pression des militants climatiques”, analyse pour l’AFP Umar Karim, expert du pays à l’université de Birmingham.
En même temps, souligne Kristian Ulrichsen, expert du Moyen Orient à la Rice University, “les Saoudiens ne veulent pas apparaître comme isolés”. Il estime que le royaume cherchera à faire alliance avec d’autres pays, dont la Chine et la Russie.
Bloquée depuis des mois, la désignation du pays devant présider la COP suivante, dans un an, pourrait se résoudre ici, après l’annonce que l’Arménie soutenait l’Azerbaïdjan qui dépend à 90 % du pétrole et du gaz, soit beaucoup plus que les Émirats arabes unis.