Des salves de roquettes ont été tirées vendredi à l’aube contre l’ambassade américaine dans l’ultrasécurisée Zone verte de la capitale irakienne Bagdad, sans faire de blessés ni de dégâts, mais illustrant le risque d’escalade sur fond de guerre entre Israël et le Hamas palestinien.
L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. C’est la première rapportée contre l’ambassade américaine à Bagdad depuis que des groupes armés pro-Iran ont initié à la mi-octobre des frappes similaires contre les soldats américains ou les forces de la coalition internationale antijihadistes en Irak ou en Syrie voisine.
Vendredi, un porte-parole de l’ambassade américaine a pressé le gouvernement irakien de “faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger” le personnel diplomatique et la coalition internationale antijihadiste, estimant que l’attaque portait la marque “des milices alignées sur l’Iran”.
Vendredi aux environs de 4 h 15 (1 h 15 GMT), “l’ambassade américaine a été attaquée par deux salves de roquettes”, a-t-il confirmé dans un communiqué envoyé à l’AFP. Il a précisé qu’aucune victime n’avait été signalée à l’ambassade. “Nous réitérons que nous nous réservons le droit d’auto-défense et de protéger notre personnel n’importe où dans le monde”, a ajouté le porte-parole.
Les factions pro-Iran justifient leurs attaques en pointant du doigt le soutien apporté par Washington à Israël dans sa guerre à Gaza. En représailles le Pentagone a déjà effectué plusieurs frappes contre des combattants en Irak, mais aussi en Syrie contre des sites liés à l’Iran.
De son côté, un responsable militaire américain a également confirmé vendredi le tir de “plusieurs roquettes” contre les forces américaines et de la coalition internationale à proximité de l’ambassade américaine et de la base Union III, située dans la Zone verte. “Aucune victime et aucun dommage aux infrastructures n’ont été signalés”, a-t-il précisé sous le couvert de l’anonymat.
Les dizaines d’attaques menées depuis plusieurs semaines par les groupes armés pro-Iran viennent illustrer les répercussions régionales de la guerre qui oppose depuis deux mois Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
La plupart des attaques ont été revendiquées par la “Résistance islamique en Irak”, nébuleuse formée par des groupes affiliés au Hachd al-Chaabi, coalition d’anciens paramilitaires intégrés aux forces régulières.
Au total, Washington a recensé au moins 78 attaques menées depuis le 17 octobre contre ses troupes en Irak et en Syrie, dix jours après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Washington a confirmé plusieurs frappes en Irak, la dernière en date le 3 décembre dans la province de Kirkouk (nord). La coalition antijihadiste avait alors mené une frappe “d’auto-défense” contre “cinq combattants qui s’apprêtaient à lancer un drone d’attaque”, selon un communiqué du Commandement militaire américain au Moyen-Orient, Centcom. Les cinq combattants avaient été tués et le groupe Al-Noujaba, une faction du Hachd al-Chaabi, avait publié leurs portraits et organisé des funérailles lundi à Bagdad.
Un jour avant la frappe de Kirkouk, lors d’un appel avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani avait insisté sur “le refus de l’Irak de toute attaque visant le territoire irakien”. Al-Soudani avait réitéré “l’engagement du gouvernement irakien à protéger les conseillers de la coalition internationale présents en Irak”, en référence aux militaires américains déployés dans son pays dans le cadre d’une coalition antijihadiste pilotée par Washington.