Gaza : le directeur de l’hôpital al-Chifa arrêté et interrogé par Israël

Le directeur de l’hôpital al-Chifa de Gaza a été arrêté par Israël ont annoncé, ce jeudi 23 novembre, l’armée israélienne ainsi qu’un chef de service de l’établissement, sous contrôle de l’armée qui dit y chercher des installations du Hamas.

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Des ambulances palestiniennes à côté de l'hôpital al-Chifa, début novembre 2023. Crédit: DR

Le docteur Mohammed Abou Salmiya a été arrêté”, a indiqué à l’AFP le Dr Khaled Abou Samra. “Deux infirmiers ont été arrêtés ainsi qu’un autre médecin”, a précisé un responsable du ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

Le médecin a été “transféré pour être interrogé” par les services de renseignements, a précisé l’armée israélienne. “Sous sa direction, l’hôpital a été le théâtre de nombreuses activités terroristes du Hamas”, ajoute le communiqué. L’enquête déterminera “s’il sera soumis à d’autres interrogatoires”.

Al-Chifa a été, jusqu’à très récemment, présenté par Israël comme le principal centre de commandement des opérations du Hamas dans la bande de Gaza. Depuis des jours, ses soldats fouillent pièce par pièce l’établissement, le plus grand du territoire palestinien.

L’armée a déclaré avoir “des preuves” qu’al-Chifa était un “centre” du Hamas, précisant que ses ressources en électricité, si précieuses dans le territoire assiégé, étaient exploitées par le mouvement islamiste dans un “réseau de tunnels” situé sous les bâtiments. “En outre, le Hamas a stocké de nombreuses armes à l’intérieur de l’hôpital”, a conclu l’armée israélienne jeudi.

Plusieurs médecins ont raconté à l’AFP avoir été emmenés par des soldats israéliens lors de ces fouilles, généralement conclues par la mise à feu d’explosifs dans les rez-de-chaussée et souterrains de l’hôpital.

“Il reste 180 patients, blessés et soignants à al-Chifa. Nous réclamons leur évacuation (…), ils n’ont plus d’électricité, de nourriture et d’eau, a déclaré jeudi Ashraf al-Qidreh, porte-parole du ministère de la Santé du Hamas. L’armée israélienne tire sur l’hôpital et répète au haut-parleur qu’ils doivent partir en menaçant de les bombarder.”

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Les images de la première évacuation d’al-Chifa le 18 novembre avaient fait le tour du monde. Plus de 2300 patients, personnels et déplacés y étaient rassemblés avant de devoir en partir dans des conditions dramatiques, à l’exception des malades et blessés intransportables.

Des bébés prématurés, notamment, n’avaient pas pu en être immédiatement extraits et avaient fait l’objet d’une opération particulière le lendemain pour être emmenés en Égypte.

Mercredi, lors d’une nouvelle évacuation, il fallu près de 20 heures aux 14 ambulances du Croissant-Rouge et aux deux bus des Nations unies pour parcourir une trentaine de kilomètres, d’al-Chifa vers le sud de la bande de Gaza.

Les véhicules ont été “inspectés avec soin” à un barrage de l’armée israélienne, selon le Croissant-Rouge, qui dénonce une manœuvre dangereuse pour les 190 passagers – patients, proches et personnel soignant. L’organisation précise que quatre personnes ont été arrêtées et qu’un ambulancier était toujours détenu jeudi.

Le docteur Abou Salmiya avait raconté à l’AFP avoir reçu un “ordre” d’évacuation de son hôpital. L’armée israélienne assurait pour sa part avoir évacué l’établissement à sa “requête”. Depuis, l’armée israélienne a diffusé un enregistrement sonore présenté comme une conversation entre le Abou Salmiya et un haut gradé israélien, dans lequel les deux hommes se renvoyaient la responsabilité de la demande d’évacuation.

L’armée israélienne a déjà annoncé avoir trouvé un tunnel de 55 mètres de long “utilisé pour du terrorisme” sous al-Chifa. Elle a également diffusé des images de vidéosurveillance prouvant, selon son porte-parole, que des otages y avaient été détenus. Le Hamas a répondu qu’ils y avaient été amenés pour des soins.

Dans un communiqué publié ce jeudi, le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a dénoncé “fermement” son arrestation et celle de ses collègues, appelant “le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations internationales à travailler à leur libération immédiate”.