La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, la vice-présidente américaine Kamala Harris ou encore la Première ministre italienne Giorgia Meloni ont rejoint la centaine d’experts, ministres et chefs d’entreprises triés sur le volet qui se penchent sur les dangers suscités par l’essor fulgurant de cette technologie, dans l’emblématique centre de décryptage des codes de la Seconde Guerre mondiale.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a déclaré à l’AFP qu’il n’y avait pas de temps à perdre pour coordonner une réponse mondiale. “Nous devons avancer à un rythme qui corresponde à celui de l’évolution technologique, nous n’avons pas le choix”, a-t-il affirmé, avant de poursuivre : “ce que nous voyons, c’est qu’il y a une volonté globale, tant au niveau gouvernemental que dans le monde des affaires, d’agir très, très rapidement”.
Dès le début de la rencontre mercredi, les principales puissances mondiales comme la Chine, les États-Unis et l’UE “se sont entendues sur une responsabilité partagée” face aux risques de l’IA, signant la déclaration “historique” de Bletchley, s’est félicité Rishi Sunak.
Dans un format plus resserré, avec “un petit de groupe de hauts représentants de gouvernements partageant les mêmes idées”, tels que les États-Unis, la France ou le Japon, les dirigeants devaient évoquer jeudi les risques posés par l’IA sur la sécurité nationale, selon Downing Street.
La Chine, dont la présence avait causé des remous à cause des tensions géopolitiques et des craintes d’espionnage technologique, n’y a pas été conviée.
Gare aux fakes
Sur place, la vice-présidente américaine Kamala Harris insistera sur les efforts des États-Unis pour “établir des normes et des outils permettant de distinguer les contenus numériques authentiques produits par le gouvernement des contenus générés ou manipulés par l’IA”, a indiqué la Maison Blanche.
À quelques mois d’élections comme la présidentielle américaine ou les législatives britanniques, les IA génératives font craindre un déferlement de faux contenus en ligne, avec des montages perfectionnés (“deepfake”) de plus en plus crédibles.
Ces technologies capables de produire texte, sons ou images sur simple requête en une poignée de secondes, comme le robot conversationnel ChatGPT, ont fait des progrès exponentiels ces dernières années, et les prochaines générations d’IA génératives feront leur apparition d’ici l’été. Elles suscitent d’immenses espoirs pour la médecine ou l’éducation, mais pourraient aussi déstabiliser les sociétés, permettre de fabriquer des armes ou échapper au contrôle des humains, a averti le gouvernement britannique.
Premier d’une longue série de sommets
Le Royaume-Uni, qui a pu sembler parfois plus isolé sur la scène internationale depuis le Brexit, veut “montrer la voie” sur le sujet et prendre la tête d’une coopération mondiale sur les dangers potentiels de l’IA. Deux sommets internationaux sur le sujet vont suivre, dans un format virtuel en Corée du Sud dans six mois, puis en présentiel à Paris dans un an.
Une seconde table ronde est organisée ce jeudi après-midi avec les PDG des entreprises à la pointe du secteur comme OpenAI, Google Deepmind, Microsoft ou Meta, ainsi que des représentants de la société civile.
“Nous discuterons de nos projets de test et d’évaluation des modèles d’IA par les États avant leur diffusion”, a annoncé Rishi Sunak à l’ouverture des débats, dans des instituts sur la sécurité de l’IA comme ceux que les États-Unis et le Royaume-Uni veulent créer. Parmi les grands patrons présents à Bletchley Park, le milliardaire et star de la Tech Elon Musk pourrait bien voler la vedette aux chefs d’État.
Le patron de X (ex-Twitter) et cofondateur d’OpenAI, qui a estimé mercredi que l’IA représentait l’une des “plus grandes menaces” pour l’Humanité, doit échanger avec Rishi Sunak à Londres à l’issue du sommet. L’organisation de cette discussion a suscité des critiques, le milliardaire étant accusé d’avoir favorisé la désinformation sur X depuis sa reprise du réseau social il y a un an.