Le Maroc est un pays légaliste. Pour le moment, nous sommes dans la phase de l’enquête en cours et de la collecte d’informations. Nous attendons les résultats probants de cette investigation et à ce moment-là nous agirons”, a affirmé Omar Hilale en réponse à une question lors d’une conférence de presse tenue lundi à l’issue de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2703 prorogeant d’un an le mandat de la mission de l’ONU au Sahara (MINURSO).
Il a rappelé que le procureur général près la Cour d’appel de Laâyoune a diligenté une enquête confiée à la police judiciaire afin d’identifier les détails scientifiques, mais également balistiques de ces explosions.
L’ambassadeur a fait remarquer que ces quatre déflagrations, comme l’ont rapporté la presse internationale et les chaînes de radio, ont eu lieu dans la ville spirituelle du Sahara marocain. “La ville de Malâinine, le grand leader de la résistance contre la colonisation espagnole”, a-t-il rappelé.
Photos à l’appui montrant la ville de Es-Semara, où il n’y a aucune installation militaire, Hilale a précisé que les quatre explosions ont eu lieu en pleine nuit dans “une ville connue pour sa sérénité, pour la qualité de sa vie et surtout pour le pacifisme de sa population civile”, notant que les explosions sont survenues dans le même périmètre : la première dans le quartier industriel, la deuxième et la troisième à Hay Essalam et la quatrième à Hay El Wahda.
Il a déploré la mort d’un martyr, un jeune homme de 23 ans qui s’appelle Hamza, qui ne vit pas dans cette ville et qui est venu voir sa tante pour demander la main de sa cousine.
“Il vit en France, dans la ville de Tarbes. Il est venu pour construire un avenir avec la femme de son cœur. Malheureusement, le destin en a décidé autrement et je dirai plutôt que ceux qui ont organisé et perpétré ces explosions lâches et ignobles en ont décidé autrement”, s’est indigné l’ambassadeur.
Il a également déploré les trois blessés, dont deux dans un état grave qui se trouvent toujours aux urgences à l’hôpital de Laâyoune.
L’ambassadeur a, en outre, précisé qu’immédiatement après ces explosions, la MINURSO, qui dispose de postes d’observation à Es-Smara, a été avisée. Les éléments de la Mission onusienne ont constaté que les explosions ont eu lieu dans des quartiers civils et des maisons civiles, faisant un mort et des blessés civils. “Ils vont faire leur rapport au Secrétariat de l’ONU”, a-t-il indiqué.
Évoquant un faisceau d’indices qui “sont probants et dont plusieurs versent vers la même direction qui s’est prononcée elle-même”, l’ambassadeur a cité de prime abord le communiqué officiel qui a été publié par le groupe séparatiste armé Polisario. “C’est le communiqué 901 indiquant que la prétendue ‘armée de libération sahraouie’ a ciblé trois régions : Mahbes, Es-Smara et Farsia”, a-t-il souligné, ajoutant que les milices séparatistes parlent d’explosions et de projectiles qu’ils ont lancés dans la nuit de samedi à dimanche.
Le deuxième indice, poursuit Hilale, est que les chaînes de radio et les télévisions du monde et les agences de presse ont cité le Polisario comme auteur de ces explosions. Ce dernier n’a, à aucun moment, démenti ces faits. “En l’absence de démenti de sa part, tout le responsabilise et indique effectivement que son silence confirme que ce sont ses milices qui sont derrière ces explosions”, a-t-il enchaîné.
L’ambassadeur Hilale a, de même, fait observer qu’en vertu du droit international, du droit humanitaire international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, toute attaque ou ciblage de civils et villes civiles représente un “acte terroriste et un acte de guerre”.
“Ces explosions, qui ont fait un chahid (martyr, ndlr), qui a attristé tout le Maroc, ne resteront pas impunies”, a-t-il tenu à préciser, soulignant que les auteurs de ces explosions “devront assumer leur responsabilité juridique, mais également politique. Pas seulement ceux qui ont perpétré ces attaques, mais également ceux qui sont derrière eux, ceux qui les abritent, ceux qui leur fournissent les missiles, les katiouchas (lance-roquettes d’origine soviétique, ndlr) et les mortiers”.
Il a ajouté que “toute déflagration laisse des traces et des indices techniques. Ce qui va permettre au Maroc de procéder à la traçabilité de son origine”. “Le Maroc en tirera les conséquences et les conclusions et prendra les décisions qui s’imposent”, a fait savoir le diplomate.
“On s’attend à ce que ce rapport soit rendu public par les Nations unies afin que tout le monde sache qui cible les civils, qui tue les innocents, qui déstabilise la région et qui risque de provoquer un embrasement et des drames”, a-t-il souligné, déclarant que le Maroc fait confiance aux Nations Unies pour la suite à donner à cet “acte terroriste ignoble et condamnable”.
(avec MAP)