Nous avions le projet de nous rendre en Israël, mais c’est annulé. Nous n’irons pas”, a déclaré devant le Parlement le chef de l’État, qui avait rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour la première fois en septembre à New York.
“J’ai serré la main de cet homme, nous avions de bonnes intentions, mais il nous a abusés”, a-t-il poursuivi dans un discours virulent, devant des députés enflammés, qui scandaient “À bas Israël”.
“Le Hamas n’est pas un groupe terroriste”
“Les relations auraient pu être différentes, mais cela n’arrivera plus, malheureusement”, a ajouté le président turc. “Vous ne trouverez aucun autre État dont l’armée se conduise avec une telle inhumanité”, a-t-il continué à propos des représailles menées par Israël à Gaza, en réponse à l’attaque lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre et qui a fait 1400 morts, en majorité civils, selon le bilan israélien. “Le Hamas n’est pas un groupe terroriste, c’est un groupe de libérateurs qui protègent leur terre”, a-t-il estimé.
“Que ceux qui ont mobilisé le monde en faveur de l’Ukraine ne se soient pas prononcés contre les massacres à Gaza est le signe le plus flagrant de leur hypocrisie”
Le chef de l’État s’en est également pris “aux puissances occidentales (qui) versent des larmes pour Israël et ne font rien d’autres”, stigmatisant leur “incapacité à arrêter Israël”.
“Que ceux qui ont mobilisé le monde en faveur de l’Ukraine ne se soient pas prononcés contre les massacres à Gaza est le signe le plus flagrant de leur hypocrisie”, a-t-il souligné. “Tant que des innocents continueront à mourir à Gaza, aucun navire ou avion envoyé dans notre région n’y apportera la paix.”
Le président turc a appelé à la fondation d’une “Palestine indépendante” et à une conférence entre Israël et les Palestiniens, proposant que la Turquie agisse comme “garant” de tout accord futur.
Mardi soir, Recep Tayyip Erdogan avait accusé le Conseil de sécurité des Nations unies d’avoir “aggravé la crise” dans la bande de Gaza par son attitude “biaisée” et de causer “les pires torts” à la réputation de l’ONU, se montrant “incapable d’assurer un cessez-le-feu le plus rapidement possible et de prendre des mesures pour éviter des pertes civiles”.
Après avoir appelé à la retenue dans les jours qui ont suivi le massacre d’Israéliens perpétrés par le Hamas et la réponse israélienne sur la bande de Gaza, le président turc a changé de ton et dénoncé un “génocide” après la frappe, la semaine dernière, sur un hôpital de Gaza qu’il a immédiatement attribuée à Israël — sans jamais revenir dessus.
À la tête d’un pays majoritairement musulman et favorable à la cause palestinienne, dont il s’est toujours présenté comme le défenseur, le président a prévu de se joindre samedi au rassemblement organisé par son parti islamo-conservateur, l’AKP, “en soutien à la Palestine” sur l’ancien aéroport Atatürk d’Istanbul.