Nous avons gouverné durant cinq ans et allons continuer à le faire quatre ans de plus”, a déclaré Sánchez en signant aux côtés de Yolanda Díaz, ministre du Travail en exercice et cheffe de file de Sumar, cet “accord programmatique” devant servir de cadre à la prochaine législature.
Le texte contient un ensemble de 230 mesures, dont l’augmentation du parc de logements sociaux, la révision à la hausse des objectifs climatiques de l’Espagne et une réforme fiscale destinée à accroître la contribution des groupes bancaires et énergétiques aux recettes de l’État.
Il comprend également un plan de lutte contre le chômage des jeunes, une hausse du salaire minimum, ainsi qu’une réduction du temps de travail “sans perte de salaire”, réclamée de longue date par les syndicats espagnols et dont Sumar avait fait son cheval de bataille ces dernières semaines. “Nous voulions une réduction” de la semaine de travail “à 37,5 heures”, contre 40 heures actuellement, et cela figure “de façon très claire dans l’accord”, s’est félicité le porte-parole de Sumar, Ernest Urtasun, pour qui les pays ayant “une journée de travail plus courte” sont “plus productifs”.
Ce pacte permettra à l’Espagne de “continuer à avancer” sur la voie du “progrès”, a affirmé Sánchez, au pouvoir depuis 2018 et qui gouverne en coalition avec l’extrême gauche (alors représentée par Podemos) depuis 2020. Podemos n’est plus maintenant que l’une des composantes de Sumar, essayant tant bien que mal de maintenir son autonomie.
Une alliance vaine sans indépendantistes
Le porte-parole du Parti populaire (PP, opposition de droite), Borja Semper, a, de son côté, minimisé la portée de cet accord. “Nous savions tous” que le PSOE et Sumar “allaient rester mariés”, mais cette alliance n’a pas de valeur sans le “feu vert” des indépendantistes, notamment catalans, a-t-il rappelé.
Les socialistes sont arrivés en deuxième position lors des législatives du 23 juillet derrière le PP d’Alberto Núñez Feijóo. Mais ce dernier, sans majorité absolue, n’a pas réussi à former une coalition, ouvrant la voie à la formation d’un nouveau gouvernement de gauche.
La reconduction au pouvoir de Sánchez reste toutefois conditionnée à l’appui de plusieurs partis indépendantistes. Bildu, considéré comme l’héritier de la vitrine politique de l’organisation basque armée ETA, a déjà fait savoir qu’il voterait pour lui afin de faire barrage à la droite.
Mais la situation est plus compliquée avec les deux partis séparatistes catalans, notamment Junts per Catalunya (JxCat), formation à l’origine d’une tentative de sécession avortée de la Catalogne en 2017, dont le leader Carles Puigdemont a fui en Belgique pour échapper à la justice espagnole.
“Amnistie”, possible ?
Junts, qui dispose de sept députés, réclame notamment, aux côtés de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), l’autre formation indépendantiste catalane, une amnistie pour les responsables de la tentative de sécession de 2017. Cette demande est dénoncée par la droite et l’extrême droite et critiquée au sein même du parti socialiste. Elle a donné lieu ces dernières semaines à plusieurs manifestations hostiles à cette mesure.
Sumar s’est dit favorable à l’amnistie afin de “tourner la page” de la crise de 2017 et Sánchez évite autant que possible de prononcer le mot, qui ne figure d’ailleurs pas dans l’accord conclu mardi. “Comment est-il possible” que l’accord passé entre les socialistes et Sumar “ne nous parle pas d’amnistie ?”, a dénoncé mardi Borja Semper, en critiquant le manque de “transparence” de Pedro Sánchez.
Le Premier ministre espagnol en exercice a jusqu’au 27 novembre pour être reconduit dans ses fonctions par les députés. S’il ne parvient pas à trouver un accord lui garantissant le soutien de Junts et ERC d’ici là, de nouvelles élections devront être organisées à la mi-janvier.