L’application d’informations upday aurait ordonné à ses journalistes de minimiser les décès palestiniens

La plus grande application d’agrégation d’informations en Europe, upday, du géant des médias Axel Springer et de Samsung, aurait ordonné à ses éditeurs que la couverture de la guerre à Gaza soit teintée de sentiments pro-israéliens.

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Le nouveau building d'Axel Springer, maison mère de l'agrégateur d'informations upday. Crédit: DR

Selon certains employés d’upday, cités par le média The Intercept, l’agrégateur d’informations aurait bel et bien ordonné de donner la priorité à la perspective israélienne et de minimiser les décès de civils palestiniens dans la couverture médiatique.

“Nous ne pouvons pas faire passer des informations sur le nombre de morts ou de blessés palestiniens sans que des informations sur Israël ne soient présentées plus haut dans l’article”, a affirmé un employé, qui a profité de sa déclaration pour rappeler l’influence de ce type de conditionnement et la viralité des informations transitant par l’agrégateur, évoquant notamment les notifications push et les alertes envoyées à des millions de téléphones.

“Nous n’avons pas demandé à nos journalistes d’ignorer les victimes civiles à Gaza, nous n’avons pas demandé à nos rédacteurs en chef de manipuler la couverture de l’actualité, et la direction de l’entreprise n’a pas été impliquée dans les décisions éditoriales”, a affirmé la représentante d’Axel Springer, Julia Sommerfeld, contestant fermement les allégations de manipulation et d’atteinte à la neutralité des journalistes du média.

D’après certains employés, la haute estime des hauts responsables d’upday pour Israël sautait aux yeux dans les communications quotidiennes : sur Slack (réseau de communication professionnelle), un drapeau israélien apparaît à côté de l’avatar du PDG d’upday, Thomas Hirsch.

Ces employés ont également fait savoir à The Intercept que upday les a avertis de ne pas publier de titres qui pourraient être “mal interprétés” comme étant pro-palestiniens. De plus, les journalistes indiquent que les commentaires des hommes politiques israéliens déshumanisant les Palestiniens devaient être formulés de sorte à insister sur l’ampleur et la brutalité des attaques du Hamas contre Israël.

Les journalistes affirment également ne pas être autorisés à citer les groupes militants palestiniens dans les titres et à s’en tenir à la deuxième “valeur” d’entreprise d’Axel Springer, qui consiste à soutenir le peuple juif et le droit à l’existence de l’État d’Israël.

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Lancé en 2016, l’agrégateur d’informations upday est présent dans 30 pays et compte plus de 10 millions d’utilisateurs grâce au partenariat mis en place avec Samsung, qui précharge l’application sur les appareils de la marque.

La maison mère d’upday, Axel Springer, est chargée de la publication des journaux allemands Bild et Die Welt, ainsi que le tabloïd polonais Fakt. Aux États-Unis, la société détient une participation majoritaire dans le site d’information Insider et a acheté Politico en 2021.

L’entreprise a d’ailleurs longtemps été critiquée pour sa gestion plus ou moins conservatrice de son empire médiatique. À titre d’exemple, Axel Springer a pour valeur de soutenir une “Europe unie”, l’“alliance transatlantique”, le “peuple juif et le droit d’existence de l’État d’Israël”.