Pour le FMI, la guerre entre Israël et le Hamas assombrit encore les perspectives mondiales

La guerre au Proche-Orient, déclenchée par l’attaque sanglante du Hamas sur Israël durant le week-end et qui a provoqué des milliers de morts des deux côtés et près de 150 otages côté israélien, est également devenu un sujet d’inquiétude aux réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale (BM), alors que l’économie mondiale reste fragile.

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La directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Kristalina Georgieva, à Marrakech le 12 octobre 2023. Crédit: FMI

C’est un “nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l’économie mondiale”, a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Kristalina Georgieva, pour qui il est avant tout “déchirant de voir des civils innocents mourir”.

Les réunions annuelles du FMI et de la BM se tiennent depuis lundi à Marrakech, une première pour un pays arabe depuis 2003, et pour un pays africain depuis 50 ans.

En Israël, plus de 1200 personnes ont été tuées dans l’attaque la plus meurtrière depuis la création d’Israël il y a 75 ans. Les représailles israéliennes ont tué plus de 1350 personnes à Gaza, selon les autorités locales.

L’armée israélienne a dit avoir retrouvé les corps de 1500 combattants du Hamas. Environ 150 Israéliens, étrangers et binationaux, ont été pris en otages par le Hamas, selon le gouvernement israélien.

Au-delà du bilan humain déjà très lourd, les participants s’interrogent sur l’impact que peut avoir un tel conflit sur une économie mondiale déjà confrontée à son rythme de croissance le plus faible depuis plusieurs décennies, et plus spécifiquement, pour une région, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

“Le risque économique majeur est désormais un risque géopolitique”, a admis le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d’un point presse à Marrakech, estimant que les conséquences pourraient être “lourdes” sur la croissance et les prix de l’énergie dans le monde.

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Pour autant, difficile pour l’instant de déterminer précisément les impacts, a jugé Kristalina Georgieva, même si le FMI “suit de très près la situation”. “Nous avons vu quelques réactions sur le marché pétrolier, mais il est trop tôt pour en dire plus, on voit des hausses et des baisses se succéder”, a-t-elle précisé.

Lors de la présentation du rapport annuel sur l’économie mondiale du Fonds mardi, son chef économiste, Pierre-Olivier Gourinchas, avait rappelé qu’une hausse de 10 dollars des prix du pétrole, si elle était persistante, pouvait entraîner une perte de 0,15 point de pourcentage de PIB au niveau mondial.

Dans la foulée de l’attaque du Hamas, le pétrole a bondi de cinq dollars, avant de reculer légèrement les jours suivants, mais repartait à la hausse jeudi, après la publication du rapport mensuel de l’Agence internationale (AIE), pointant pour l’heure un risque “limité” du conflit sur l’approvisionnement en pétrole.

Mais la vraie difficulté pour l’économie mondiale est que ces nouvelles vives tensions viennent s’ajouter aux “chocs sévères” auxquels elle a déjà été confrontée depuis trois ans et qui deviennent “la nouvelle norme venant encore fragiliser un monde déjà fragilisé par une croissance faible et la fragmentation de son économie”, a pointé Mme Georgieva.

De l’avis de tous cependant, l’impact sur l’économie mondiale dépendra grandement de la durée du conflit ainsi que de son amplitude, alors que des tirs de missiles sont intervenus de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise et que Tel-Aviv a frappé les aéroports de Damas et Alep (Syrie).

Il pourrait être nettement plus marqué et immédiat pour l’économie de la région en revanche, alors que l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient subissent déjà les conséquences économiques de la guerre civile au Soudan.

En 2023, la région devrait connaitre une croissance en deçà de la croissance mondiale (2 % contre 3 %) avant de remonter en 2024 à 3,4 %, une reprise potentielle désormais en péril.

Certes, une hausse des prix du pétrole serait favorable aux pays producteurs, à l’image de l’Arabie Saoudite, qui a besoin d’un baril à au moins 80 dollars pour équilibrer son budget.

Mais ailleurs l’impact sera tout autre, en particulier pour les pays déjà en difficulté, comme l’Égypte, le Liban ou la Tunisie, où les marges budgétaires sont déjà faibles et un soutien supplémentaire aux subventions au carburant quasi impossible.

“Il est très difficile, en raison de l’ampleur, de la vitesse et des inconnues, d’avoir une lecture claire du court terme ou du moyen terme”, concernant les conséquences du conflit, estimait lors d’une conférence de presse le directeur régional du FMI, Jihad Azour, “mais c’est énorme, c’est un tremblement de terre”.

(avec AFP)