Nous serons toujours à vos côtés”, a assuré le secrétaire d’État américain Antony Blinken, après un entretien avec le Premier ministre, tout en estimant que les “aspirations légitimes” des Palestiniens n’étaient pas représentées par le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza.
“Tout comme l’EI a été écrasé, le Hamas sera écrasé”, a affirmé Netanyahu, laissant présager une offensive terrestre à Gaza contre le Hamas, qui a lancé le 7 octobre une attaque sanglante, d’une ampleur sans précédent sur le territoire israélien et détient depuis 150 otages.
Environ 1200 Israéliens, pour la plupart des civils, ont été tués dans cette offensive du Hamas, et 1354 Palestiniens selon les autorités locales, dont de nombreux civils, sont morts en six jours dans la bande de Gaza, où les frappes israéliennes lancées en riposte ont transformé en ruines des immeubles entiers.
Un porte-parole de l’armée israélienne a expliqué jeudi que celle-ci se préparait à une “manœuvre terrestre” à Gaza, mais que rien “n’a encore été décidé”.
Durant la nuit, Israël a de nouveau pilonné la bande de Gaza, d’où sont parties plusieurs salves de roquettes vers le sud du pays puis vers Tel-Aviv. Le Hamas a affirmé riposter à des frappes ayant ciblé “des civils” dans deux camps de réfugiés de la bande de Gaza. Des correspondants de l’AFP ont été témoins de dizaines de frappes aériennes en direction du camp d’Al-Shati et dans le nord de Gaza.
Grand allié d’Israël, le président américain Joe Biden avait toutefois demandé au pays de respecter “le droit de la guerre” dans sa riposte, alors que Washington lui a déjà fourni une aide militaire supplémentaire. “Vous êtes peut-être assez forts pour vous défendre seuls, mais tant que les États-Unis existeront, vous n’aurez jamais à le faire”, a déclaré jeudi Antony Blinken à Benjamin Netanyahu.
Le secrétaire d’État doit aussi rencontrer vendredi en Jordanie le roi Abdallah II et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Le 7 octobre à l’aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël depuis la bande de Gaza à bord de véhicules, par les airs et la mer, semant la terreur sous un déluge de roquettes.
Dans les rues, dans les maisons, faisant même irruption dans un festival de musique, ils ont tué plus d’un millier de civils lors de cette attaque d’une violence extrême et d’une ampleur inédite depuis la création d’Israël en 1948. Israël a riposté en déclarant une guerre pour détruire les capacités du Hamas, pilonnant sans relâche la bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour du territoire, dans le sud du pays, et à sa frontière nord avec le Liban.
Après l’attaque, l’armée a affirmé avoir récupéré les corps de 1500 combattants palestiniens infiltrés. Signe des tensions autour d’Israël, les échanges de tirs sont fréquents de part et d’autre de la frontière libanaise avec le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas et de la Syrie. Et des frappes aériennes israéliennes ont mis jeudi hors service les deux principaux aéroports de Syrie, celui de la capitale Damas et celui d’Alep dans le nord, selon les médias syriens.
L’offensive du Hamas a déclenché un immense élan de solidarité en Israël. “Tout le monde est touché en Israël, au nord, au sud, à Tel-Aviv”, confie Joanna Ouisman, une femme de 38 ans cadre dans la finance, en déposant deux énormes sacs remplis de livres pour enfants dans un centre commercial de Tel-Aviv. “Personne”, dit-elle, “ne peut assister à cette barbarie et demeurer indifférent”.
À l’entrée du kibboutz Beeri, à moins de cinq kilomètres de la frontière avec Gaza, une pile de cadavres témoigne de l’ampleur de l’attaque où plus d’une centaine d’habitants ont été tués, selon l’armée. “La dévastation ici est absolument immense”, se désole Doron Spielman, porte-parole de l’armée israélienne. “Et c’est sans compter les nombreux membres du kibboutz qui ont été pris en otage et emmenés dans Gaza”, a renchéri un autre porte-parole, Jonathan Cornicus.
Lors de cette offensive, le Hamas a enlevé plusieurs dizaines d’otages israéliens, étrangers et binationaux, qu’il menace d’exécuter.
Le ministre israélien de l’Énergie, Israël Katz, a affirmé jeudi que son pays n’autoriserait pas l’entrée de produits de première nécessité ou d’aide humanitaire à Gaza, placée en état de siège, tant que le Hamas n’aurait pas libéré les otages. “Aucun interrupteur électrique ne sera allumé, aucun robinet d’eau ne sera ouvert et aucun camion de carburant n’entrera tant que les Israéliens enlevés ne seront pas rentrés chez eux”, a-t-il dit.
Les autorités israéliennes recensent 150 otages, alors que des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps en cours d’identification. Parmi ces otages figurent des jeunes capturés pendant un festival de musique où des combattants palestiniens ont fait irruption samedi, tuant 270 personnes d’après les autorités.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué jeudi qu’il était en contact avec le Hamas pour œuvrer à la libération des otages. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi lancé un processus de négociations avec l’organisation islamiste, selon une source officielle.
La bande de Gaza, un territoire pauvre et exigu où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens qui subissent un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2007, est désormais privée d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.
L’unique centrale électrique du territoire est à l’arrêt, faute de carburant. Fabrizio Carboni, le directeur régional du CICR pour la région Proche et Moyen-Orient, a demandé aux deux camps de “réduire les souffrances des civils”, notamment dans la bande de Gaza. “Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues”, a-t-il affirmé, disant craindre notamment pour les nouveau-nés placés dans des incubateurs et les patients sous oxygène ou sous dialyse.
À Gaza, où plus de 338 000 personnes ont été déplacées par les frappes selon l’ONU, les bombardements ont touché des dizaines d’immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, d’après le Hamas.
Les concentrations de troupes à la frontière font craindre une offensive terrestre sur le territoire, dont Israël s’était retiré unilatéralement en 2005 et qui est gouverné par le Hamas depuis 2007. Une perspective terrifiante de combats au cœur d’une ville à l’extrême densité de population, dans des souterrains et en présence d’otages.
Le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé les “pays musulmans et arabes” à “se coordonner” pour “stopper les crimes” d’Israël contre Gaza. L’Iran soutient financièrement et militairement le Hamas, mais insiste sur le fait qu’il n’est pas impliqué dans l’attaque du 7 octobre.