L’Assemblée générale de l’ONU renouvelait ce mardi, pour la période 2024-2026, 15 des 47 membres de ce Conseil qui siège à Genève.
Alors que les États sont répartis par grande région, chaque groupe régional présélectionne en général ses candidats approuvés ensuite sans difficulté par l’Assemblée générale. Cette année, deux groupes comptaient plus de candidats que de sièges : l’Amérique latine (Brésil, Cuba, République dominicaine et Pérou, candidats pour 3 sièges) et l’Europe de l’Est (Albanie, Bulgarie et Russie pour 2 sièges).
Quelques jours après la frappe russe sur le village ukrainien de Groza où 52 personnes ont été tuées, tous les yeux étaient tournés vers la candidature russe. Avec une certaine inquiétude du côté des Occidentaux en raison d’un vote à bulletins secrets, dans un monde fragmenté où de nombreux pays en développement se lassent de l’attention portée à l’Ukraine. La Bulgarie et l’Albanie ont finalement été élues, avec respectivement 160 et 123 voix. La Russie a recueilli 83 suffrages.
“Les États membres de l’ONU ont envoyé un signal fort aux autorités russes : un gouvernement responsable d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité n’a pas sa place au Conseil des droits de l’Homme”, a commenté Louis Charbonneau, de l’ONG Human Rights Watch.
Pas de place pour les “agresseurs”
Défenseurs des droits de l’Homme et diplomates occidentaux avaient mis en garde ces derniers jours contre une réélection de la Russie. L’Assemblée générale “a un choix important à faire, pour prouver qu’elle n’est pas prête à confondre pyromane et pompier”, avait lancé lundi l’ambassadeur albanais à l’ONU Ferit Hoxha lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur le carnage de Groza.
“Ceux qui agressent leurs voisins, qui tuent des innocents, qui détruisent volontairement des infrastructures civiles, des ports, des silos de céréales, qui déportent des enfants et en sont fiers, qui utilisent la torture et la violence sexuelle comme arme, qui violent de façon éhontée les lois internationales sur les droits humains, n’ont pas leur place au Conseil des droits de l’Homme”, avait-il martelé.
“La réélection de la Russie dans cet organe, alors qu’elle continue à commettre des crimes de guerre et d’autres atrocités, serait une horrible tache qui saperait la crédibilité” des Nations unies, avait renchéri l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood.
La Russie s’était elle défendue. “Il n’y a pas de modèle de démocratie ou d’État voyou, comme certains le décrivent parfois”, a déclaré il y a quelques jours son ambassadeur à l’ONU Vassili Nebenzia. “Aucun État membre ne peut affirmer être à l’abri de violations des droits humains”.
“Suspension” finale ?
En octobre 2020, la Russie avait été élue au Conseil des droits de l’Homme pour trois ans avec 158 voix — l’Ukraine avait remporté l’autre siège avec 166 voix — mais l’Assemblée générale avait voté pour sa “suspension” en avril 2022 (93 voix pour sa suspension, 24 contre, et 58 abstentions).
Cette majorité contre la Russie était moins écrasante que celle des résolutions défendant l’intégrité territoriale de l’Ukraine (autour de 140 voix), mais la question du Conseil des droits de l’Homme était plus complexe, certains pays au bilan contestable en la matière craignant de subir un jour le même sort.
Hormis la Russie, les défenseurs des droits humains avaient appelé à ne pas voter pour la Chine, mettant notamment en avant les violations des droits de la minorité ouïghoure. Mais la Chine ne risquait pas grand-chose dans le groupe Asie avec quatre candidats pour quatre sièges et a été réélue avec 154 voix.
Les autres membres du Conseil élus ou réélus pour la période 2024-2026 sont : Burundi, Côte d’Ivoire, Ghana, Malawi, Indonésie, Japon, Koweït, France, Pays-Bas, Brésil, Cuba et République dominicaine.