En France, le match Maroc-Burkina Faso sous le signe de la solidarité

“On veut aider nos frères” : comme des dizaines de supporteurs et d’habitants, Saïd Saïdi est venu soutenir mardi soir les sinistrés du séisme au Maroc en apportant médicaments et vêtements au pied d’un stade de foot du nord de la France, où le Maroc affrontait le Burkina Faso.

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Une banderole de solidarité avec les victimes du séisme du 8 septembre déployée lors du match amical Maroc-Burkina Faso à Lens, en France, le 12 septembre 2023. Crédit: Capture d'écran

C’est un moment particulier, tout le soutien va vers le Maroc. On pense à tous ceux qui sont là-bas, qui nous ont quittés”, affirme Soraya, venue en famille au stade au stade Bollaert de Lens. “On n’est plus du tout dans le même état d’esprit que quand on acheté nos billets”, poursuit cette responsable entrepôt de 37 ans, dont les filles agitent des drapeaux marocains.

“Tous Maroc, tous solidaires, hommage aux sinistrés”, proclamait une banderole déployée des tribunes, où le rouge parsemé de vert domine.

“Les moments sont difficiles, mais voir tout le pays ensemble prouve qu’on reste unis”

Sofian, supporteur

Une immense ovation a accueilli les joueurs marocains à leur entrée sur le terrain. Leurs adversaires ont été sifflés. Le stade entier s’est levé pour l’hymne marocain, avant une minute de silence conclue par des Allahou Akbar lancés par le public. Au but marqué par le Maroc, lui assurant la victoire dans ce match amical, le stade a cédé à une explosion de joie.

“Les moments sont difficiles, mais voir tout le pays ensemble prouve qu’on reste unis”, se console Sofian, un livreur dans la trentaine, qui préfère aussi ne pas donner son nom.

Avant la rencontre, la première disputée par les Lions de l’Atlas depuis le séisme, qui a fait plus de 2900 morts, supporteurs et habitants avaient afflué au pied du stade pour une collecte en faveur des sinistrés.

Couettes, pansements, vêtements… À peine installées près d’une entrée du stade, les tables de collecte croulent sous les paquets, témoignages d’un élan de solidarité qui a gagné toute la France.

“Merci pour la France qui est toujours à côté des Marocains, dans la fête comme dans la souffrance”, lance Saïd Saïdi, revêtu du maillot de l’équipe marocaine. La voix du quadragénaire s’étrangle quand il évoque ses proches : “On veut aider nos frères, partager tout ce qu’on a avec eux. J’aimerais y être, mes parents sont là-bas, hamdoulilah ils sont vivants, mais ça fait mal au cœur.”

La Fédération royale marocaine de football a annoncé que la totalité des revenus issus du match serait versée au Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Royaume. La majorité des billets du match a été achetée par la communauté des Marocains résidant à l’étranger, a-t-elle précisé.

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Infirmière libérale franco-marocaine, Fatiha El Gazouani a apporté avant d’entrer dans le stade des béquilles, un déambulateur, des boîtes d’antalgiques, des compresses. “Le Maroc va s’en sortir, il se relève”, assure avec le sourire cette jeune femme dont la famille restée au Maroc n’a pas été touchée.

Les dons sont immédiatement chargés dans un grand camion pour rallier Algésiras, en Espagne, par la route puis le Maroc par bateau. “Ce moment qui devait être festif devient une action solidaire”, résume Brahim Koujane, adjoint au maire d’Avion (nord de la France), l’un des élus organisateurs de la collecte, avec des associations. En plus des dons en nature, de l’argent a été récolté à chaque entrée du stade.

“On est dans une ville, une région solidaire”, salue l’élu, fils de mineur. “Dans les mines, il n’y avait pas de nationalité, les Polonais, les Italiens, les Marocains, à la fin on était tous des gueules noires.”

Plus encore que d’autres régions françaises, le Nord entretient des liens très forts avec le Maroc, protectorat français entre 1912 et 1956. Quelque 80.000 Marocains recrutés par des intermédiaires y sont venus entre les années 1950 et 1970 travailler dans les mines de charbon. “Tout le monde s’est brassé. Des liens assez forts existent toujours aujourd’hui”, explique le maire de Lens, Sylvain Robert, joint par téléphone.

Parmi les donateurs, Françoise, qui ne veut pas donner son nom de famille, n’assiste pas au match, mais a fait une heure de route pour donner des médicaments.

Avec son mari, elle avait atterri à Marrakech vendredi vers 15 heures, pour des vacances. “On a bien ressenti le séisme. On a ouvert la porte de notre riad, dans la médina, il y a avait une fumée énorme, des pierres étaient tombées, on s’est retrouvés dans la rue avec nos valises, hébétés”, décrit-elle. “La solidarité marocaine est super, c’est pour ça que ça me tenait à cœur de venir ici”, affirme-t-elle.