Le dépôt de cette plainte, annoncé mercredi par le parquet, était indispensable pour que des poursuites puissent être lancées contre le président de la fédération espagnole de foot, objet depuis fin août d’une enquête préliminaire pour “agression sexuelle”. Celles-ci vont désormais pouvoir devenir effectives “le plus rapidement possible”, a précisé le parquet dans un message.
En charge de l’enquête, car il est compétent lorsque les faits se déroulent à l’étranger, le tribunal madrilène de l’Audience nationale devra alors entendre Rubiales comme Hermoso.
Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tout type de violence sexuelle. Les peines encourues vont de l’amende à quatre ans de prison, a précisé une porte-parole du parquet.
Le 20 août, quelques minutes après le sacre mondial de la “Roja” féminine à Sydney, le patron du foot espagnol avait embrassé sur la bouche par surprise Jenni Hermoso, provoquant l’indignation internationale.
Appelé de toutes parts à quitter ses fonctions, il avait annoncé son refus de démissionner pour “un petit bisou consenti” et dénoncé le “faux féminisme”, arguant qu’il avait obtenu l’autorisation de la joueuse avant de l’embrasser. Une version démentie par Hermoso qui avait dit s’être “sentie vulnérable et victime (…) d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de [sa] part”.
En signe de protestation, les 23 championnes du monde avaient annoncé leur refus d’être convoquées pour la sélection tant qu’il n’y aurait pas de changement à la tête de la fédération.
La FIFA, qui a ouvert une enquête disciplinaire contre Luis Rubiales, l’a suspendu pour 90 jours “de toute activité liée au football au niveau national et international” dans l’attente de l’avancée des procédures en cours.
Cette affaire a plongé le football espagnol dans le chaos, en pleine candidature pour l’organisation du Mondial 2030 aux côtés du Portugal et du Maroc.
Critiqué par ses joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda, un proche de Rubiales, a été limogé mardi par la fédération et remplacé par son ancienne adjointe, Montse Tomé, la première femme à occuper ce poste. Une décision présentée comme “l’une des premières mesures de restructuration” consécutives à ce scandale.
Son homologue de la sélection masculine, Luis De la Fuente, a dû pour sa part demander “pardon” la semaine dernière pour avoir applaudi, comme de nombreux membres de la fédération, le discours retentissant de Rubiales le 25 août.
La fédération a elle-même présenté mardi ses excuses au “monde du football et à l’ensemble de la société” pour le comportement “inacceptable” de Luis Rubiales.
En pleine fenêtre internationale, Dani Carvajal, l’un des capitaines de la “Roja”, a été lui aussi très critiqué pour avoir refusé mardi de condamner Rubiales avant de savoir “ce qu’il s’est réellement passé”. Mercredi, il a été contraint de clarifier ses propos devant la presse. “À aucun moment je n’ai dit que Jenni n’était pas la victime, j’ai juste dit que la présomption d’innocence doit être respectée”, a-t-il insisté.
Déjà suspendu 90 jours par la FIFA, Rubiales risque d’être sanctionné également par le Tribunal administratif espagnol du sport. Le gouvernement a en effet demandé à cette instance de prolonger la mise à pied du président de la fédération, le temps qu’elle puisse juger l’affaire sur le fond, ce qui devrait prendre des mois. Dans un communiqué publié vendredi, Rubiales avait dénoncé un “lynchage politique et médiatique sans précédent (…) non seulement au niveau national, mais également mondial”.