Brice Oligui Nguema, d’”exilé” à président de la transition au Gabon

Nommé président de la transition au Gabon suite au coup d’État du 30 août qui a déboulonné le président Ali Bongo, le général Brice Oligui Nguema a été acclamé par des centaines de militaires mercredi à Libreville lors de sa prise de pouvoir. Dit charismatique et fin connaisseur de l’appareil militaire gabonais, il est notamment passé par l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc.

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À la tête de la Garde républicaine, forte de 2500 hommes bien équipés et entraînés, Brice Nguema a commencé son ascension auprès de l’ancien président Omar Bongo Ondimba qui a dirigé le pays pendant près de 41 ans jusqu’en 2009.

Aide-camp présidentiel, Nguema, issu de l’ethnie Fang et qui a grandi principalement dans la province du Haut-Ogooué, le fief du clan Bongo, était réputé très proche de Bongo père, qu’il a suivi comme son ombre de 2005 à 2009. À la mort de ce dernier, c’est la traversée du désert pour le militaire désormais âgé de 48 ans.

Lorsque l’actuel président déchu, Ali Bongo, prend le pouvoir, Brice Nguema est envoyé hors du pays afin d’occuper le poste d’aide militaire des ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal. Décrit comme francophile et ayant une excellente connaissance de l’appareil militaire gabonais, il a également suivi une formation à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc.

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Ce n’est que dix ans après, à la fin de l’année 2018, à la suite de l’AVC dont a souffert Ali Bongo, que Nguema signe son retour au pays.

Il est nommé colonel à la tête des renseignements de la Garde républicaine en octobre 2018 en remplacement de Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali, puis il est propulsé six mois après général et à la tête du commandement de la Garde républicaine, devenant ainsi l’un des piliers du dispositif sécuritaire du pays.

Lorsqu’il prend les rênes de cet appareil sécuritaire, Brice Nguema s’impose comme meneur d’hommes. Il pousse notamment Ali Bongo à améliorer les conditions de vie et de travail de ses hommes : réfection et modernisation des infrastructures, financement d’écoles destinées aux enfants de militaires, restauration de certains logements, etc.

Dans une déclaration au quotidien Le Monde, quelques heures après le putsch de mercredi, Brice Nguema a expliqué qu’au Gabon, “il y a une grogne et, au-delà de cette grogne, il y a la maladie du chef de l’État. Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités”.

Après avoir orchestré le renversement du président Ali Bongo suite aux élections du 26 août, il n’a pas encore déterminé la durée de la transition vers un gouvernement civil, laissant ainsi planer l’incertitude sur ses intentions futures.