Que ressentez-vous à la veille de ce huitième contre la France ?
Les émotions sont toujours difficiles à exprimer, mais là c’est tellement soudain. Que ce soit moi ou le staff ou les joueuses, on a vu une espèce de libération absolument formidable que le sport nous donne, ça n’existe nulle par ailleurs. C’est un match particulier, car je suis français et mon staff est français. Mais mon cœur est marocain, cela fait trois ans qu’on travaille d’arrache-pied pour cet objectif incroyable, et on y arrive avec un groupe fantastique.
J’aime vraiment ce pays, je l’ai découvert, je suis très heureux là-bas. Je n’aurai aujourd’hui aucun remords et scrupule à battre la France. C’est particulier oui, mais pour moi, c’est un match à gagner pour le Maroc (…) Au moins 98 % des gens pensent qu’on ne va pas se qualifier. (…) La France est favorite.
Je pense qu’il ne faut pas faire les mêmes erreurs que contre l’Allemagne. Il ne faut pas qu’on soit dans la retenue, il faut être un bloc dur à manœuvrer et les faire douter. Ce sera très important d’être très compact, très agressif, très attentif et très efficace. Et après, si l’équipe de France est plus forte que nous, on sortira avec les honneurs.
Vous retrouvez des joueuses de l’Olympique Lyonnais que vous avez entraînées, comme Wendie Renard ou Eugénie Le Sommer, quel est votre sentiment ?
“Je connais les joueuses de l’équipe de France (…) J’ai grand plaisir de les retrouver à ce niveau-là, je serai très content de les éliminer aussi”
Il y a sûrement un clin d’œil du destin. Au tirage on est un peu ambitieux, on regarde les huitièmes et on s’aperçoit qu’en sortant des poules on peut jouer la France. On se dit “tiens ce serait drôle”. Pour nous, c’est utopique. Puis on n’y pense plus pendant un bon moment, et on y pense encore moins après le premier match.
Je connais les joueuses de l’équipe de France, je connais celles que j’ai entraînées, les autres aussi. J’ai grand plaisir de les retrouver à ce niveau-là, je serai très content de les éliminer aussi. Elles seront très contentes de passer aussi ! Il n’y a pas de problème avec ça, chacun sera dans sa bulle et sa concentration et on verra après.
Pouvez-vous revenir sur votre expérience ?
J’ai eu la chance d’entraîner le meilleur club et la meilleure équipe du monde (Lyon). Cela m’a énormément servi en arrivant au Maroc pour faire en sorte que l’exigence à l’entraînement soit d’un très haut niveau. Je savais que la qualité était différente, mais dans l’implication et l’exigence de travail, il a fallu faire la même chose. Faire comprendre aux joueuses qu’elles en étaient capables.
Le travail qu’on fait avec cette équipe me fait penser qu’on est sur le bon chemin, qu’on travaille plutôt bien et qu’il faut continuer dans ce sens. On aurait pu penser qu’il fallait changer notre fusil d’épaule après l’Allemagne, et on a continué et on est resté dans la même ligne de travail. L’expérience de footballeur c’est bien aussi, car on se met dans la peau des joueuses à certains moments.