Dans son allocution devant le roi, le wali de Bank Al-Maghrib a indiqué que l’économie nationale, pâtissant d’un contexte mondial difficile et d’une sécheresse particulièrement sévère, avait enregistré une croissance de 1,3% en 2022, et ce après 8% en 2021.
Il a par ailleurs précisé que la situation des finances publiques avait continué de se redresser, malgré cette conjoncture défavorable, le déficit budgétaire étant revenu à 5,2% du PIB.
Au niveau des échanges extérieurs, Jouahri a souligné que la dynamique observée en 2021 s’est poursuivie, tirée par une performance remarquable des métiers mondiaux du Maroc et du secteur du phosphate. Les recettes voyage ont, quant à elles, atteint un niveau record et le flux exceptionnel des transferts des MRE s’est maintenu.
Ces évolutions ont permis de contenir le déficit du compte courant à 3,5% du PIB, et les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib se sont renforcés à l’équivalent de 5 mois et demi d’importations.
Et d’ajouter qu’à l’instar de la majorité des pays dans le monde, le Maroc n’a pas été épargné par la forte montée des pressions inflationnistes ayant marqué l’année.
En effet, après un taux ne dépassant pas en moyenne 1,5% au cours des 20 dernières années, l’inflation s’est établie à 6,6% en 2022, son plus haut depuis 1992. Face à une telle situation, Bank Al-Maghrib a procédé au resserrement de sa politique monétaire pour favoriser le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.
Elle a ainsi relevé son taux directeur pour s’établir à 2,5% à la fin de l’année. En parallèle, elle a veillé à assurer un financement adéquat de l’économie et a continué de satisfaire l’intégralité des demandes de liquidités exprimées par les banques. Elle a également poursuivi la mise en œuvre de ses programmes dédiés à la TPME.
Miser sur le capital humain
Par ailleurs, les changements profonds que connaît le paysage mondial avec la fragmentation géopolitique, la montée du souverainisme économique, la récurrence des phénomènes climatiques extrêmes et l’accentuation du stress hydrique présagent des défis importants auxquels le Maroc sera confronté dans les années à venir.
Face à ces évolutions, Jouahri estime qu’il faut rehausser l’adaptabilité et l’agilité de la politique publique et renforcer la résilience de l’économie nationale.
À cet effet, il souligne que la valorisation du capital humain devrait rester la priorité absolue. Il a précisé à cet égard que deux chantiers laissent espérer un saut qualitatif dans ce sens. Le premier est la généralisation de la protection sociale initiée par le roi en 2021, tandis que le second est la réforme du système de l’éducation pour laquelle des efforts importants ont été déployés depuis de nombreuses années.
Sur le plan économique, la refonte du secteur public à laquelle le roi a appelé en 2020 devrait permettre de corriger les dysfonctionnements structurels des établissements publics. La forte mobilisation pour la dynamisation de l’investissement privé après le récent discours du roi laisse espérer un nouvel élan au bénéfice de la croissance et de l’emploi.
Un accent a également été mis sur l’importance de la rationalisation des ressources publiques qui devient un impératif vital et requiert l’accélération de nombreux chantiers qui permettraient de dégager les marges nécessaires pour le renforcement des filets sociaux. Aussi est-il de plus en plus urgent de parachever la réforme du système de compensation entamée en 2013 et celle des retraites, a estimé le wali de Bank Al-Maghrib.
En outre, la succession de chocs exogènes depuis 2020 a mis en exergue les fragilités du tissu économique et la vulnérabilité de certaines franges de la population. Elle a en même temps révélé la résilience développée par le Maroc grâce à la stratégie de diversification de son économie et aux réformes entreprises durant les deux dernières décennies, a-t-il noté.
Dans ce sens, au niveau international, le Maroc a su s’imposer comme un partenaire crédible, a rappelé le wali de Bank Al-Maghrib, notant que les retombées sont importantes avec notamment la sortie des listes grises du GAFI et de l’Union européenne, l’octroi par le FMI de la Ligne de crédit modulable et l’accueil des prochaines Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech.
À l’issue de cette réception, le gouverneur de la Banque centrale a eu l’occasion de remettre remis au roi Mohammed VI, le rapport annuel de Bank Al-Maghrib sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2022.
(avec MAP)