En Israël, la crise s’amplifie autour d’une réforme judiciaire qui divise

La crise s’amplifie ce 25 juillet en Israël, au lendemain de l’adoption par le Parlement d’une mesure clé du projet de réforme judiciaire controversé porté par le gouvernement de Benyamin Netahyahu, qui a suscité des appels à la grève générale dans un contexte de contestation grandissante.

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en 2017. Crédit: AFP PHOTO / POOL / RONEN ZVULUN

Plusieurs appels ont été déposés, notamment par le barreau israélien, auprès de la Cour suprême pour l’invalidation de cette loi, votée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre, qui comprend des partis juifs ultra-orthodoxes et d’extrême droite.

Le gouvernement Netanyahu estime que cette mesure, qui vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. Ses détracteurs y voient pour leur part une menace contre la démocratie et craignent qu’elle ouvre la voie à une dérive autoritaire.

Grève générale du service public

Pour protester contre cette loi, limitant la possibilité pour la Cour suprême d’invalider une décision du gouvernement, le syndicat des médecins a lancé mardi une grève générale du service public, sauf pour les urgences. Il dénonce l’absence de dialogue entre les parties concernées et “des célébrations fêtant une victoire dans une guerre où il n’y a que des perdants”.

Lundi, le puissant chef de la centrale syndicale Histadrout, Arnon Bar David, avait prévenu que “toute avancée unilatérale dans la réforme aurait des conséquences graves”, brandissant la menace d’une “grève générale si besoin est”.

Plusieurs quotidiens israéliens affichaient mardi matin une première page entièrement noire avec les mots “Jour noir pour la démocratie israélienne”.

Depuis son annonce en janvier, le projet de réforme de la justice a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël, qui s’est intensifié à l’approche du vote.

Lors des manifestations qui se sont poursuivies tard lundi soir, 58 personnes ont été interpellées par la police pour troubles à l’ordre public, selon un porte-parole de la police. La police avait utilisé des canons à eau pour disperser des manifestants qui tentaient de bloquer des axes principaux à Jérusalem et Tel-Aviv.

“Vous voyez ce qui se passe dans la rue (…), tout le monde est très en colère, je suis vraiment triste”, a dit à l’AFP Josh Hakim, un étudiant qui manifestait lundi soir près du Parlement à Jérusalem.

La mesure votée lundi, la première de la réforme à devenir une loi, empêche la Cour suprême d’invalider une décision gouvernementale en jugeant de son “caractère raisonnable”.

Cette clause avait contraint en janvier Netanyahu à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement, Arié Dery, condamné pour fraude fiscale, à la suite de l’intervention de la Cour suprême. Les détracteurs du Premier ministre, en procès pour corruption, l’accusent de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement à son encontre.

Netanyahu a affirmé lundi vouloir négocier avec l’opposition sur la suite du projet de réforme et “mener un dialogue entre nous”. Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a rétorqué que “l’objectif de Netanyahu était de faire taire les protestataires” et prévenu que la lutte ne faisait que commencer.

Les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols bleus ou travailleurs du secteur de la technologie mais aussi des réservistes de l’armée, dans un contexte de montée des violences israélo-palestiniennes.

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