Premier Mondial à 32 équipes, premier Mondial dans l’hémisphère sud, premier Mondial co-organisé par deux pays, dotations historiques : jusqu’au 20 août en Océanie, 736 joueuses des quatre coins du globe espèrent changer de dimension.
Malgré les absences de nombreuses vedettes du jeu pour ce tournoi et les incertitudes sur les audiences télévisuelles en Europe à cause du décalage horaire, la mission est déjà quasiment réussie, au regard du “boom” que connaît la discipline ces dernières années.
“Je ressens une réelle opportunité de faire sauter le couvercle en termes d’impact médiatique et marketing”
Dans le sillage d’un Mondial-2019 réussi en France, son développement vit une accélération historique, avec une professionnalisation croissante, des records d’affluence qui tombent les uns après les autres et des joueuses toujours plus engagées pour l’égalité.
“Je ressens une réelle opportunité de faire sauter le couvercle en termes d’impact médiatique et marketing, sur l’économie globale autour de ce sport”, prédit l’Américaine Megan Rapinoe, symbole planétaire d’un football féminin engagé et militant. “Je pense que le sport féminin sent aujourd’hui qu’il est sorti de la phase de combat acharné” pour sa reconnaissance, ajoute celle qui dispute à 38 ans son quatrième et dernier Mondial.
Le Maroc, seul pays arabe qualifié
Quand le football des hommes s’alarme de l’explosion du nombre de matches et de compétitions, celui des femmes rattrape son “retard” à grande vitesse : de 16 équipes en 2011, il est passé à 24 en 2015 et 32 cette année.
Huit nations vont même vivre leur première phase finale, un rêve par exemple pour Haïti, le Panama, les Philippines et le Maroc, seul pays arabe qualifié qui espère rééditer l’exploit des hommes demi-finalistes au Qatar fin 2022.
Ce contexte s’accompagne de dotations FIFA historiquement élevées : 152 millions de dollars promises aux équipes, soit trois fois plus qu’en 2019 et dix fois plus qu’en 2015 ; et 30.000 dollars minimum assurés à chaque joueuse à titre individuel, une première.
Pour incarner ce changement de cap, deux sélections aspirent à susciter l’effervescence à domicile. Les “Matildas” australiennes et leur emblématique capitaine Sam Kerr ont créé l’union sacrée autour de leur équipe et plus de 80.000 spectateurs sont annoncés jeudi (10h00 GMT) pour leur entrée en lice contre l’Irlande.
Au pays du rugby, les Néo-Zélandaises ont des ambitions plus mesurées et les quatre stades de l’archipel risquent d’être moins remplis, dont l’Eden Park d’Auckland, antre du match d’ouverture Nouvelle-Zélande—Norvège jeudi (07h00 GMT), où une météo fraîche et pluvieuse est annoncée au cœur de l’hiver austral.
Décalage horaire
Ce Mondial du bout du monde pose toutefois la sérieuse question du décalage horaire. Les fans canadiens devront se lever à 06h00 du matin pour voir leur équipe championne olympique en titre se frotter à l’Australie le 31 juillet, par exemple.
Sans surprise, les diffuseurs de nombreux pays phares du football ont donc refusé de s’aligner sur les demandes de la Fifa en termes de droits TV : des accords au rabais ont été trouvés le mois dernier dans les cinq grands Championnats européens, et même seulement la semaine passée au Japon.
Les joueuses de plusieurs nations qualifiées sont montées au créneau pour dénoncer l’inégalité de traitement par leurs fédérations vis-à-vis des hommes
Tout juste sept mois après un Mondial masculin hivernal et controversé au Qatar, les sujets extrasportifs ne manquent pas non plus en marge de cette compétition. Les joueuses de plusieurs nations qualifiées (Canada, Jamaïque, Afrique du Sud…) sont notamment montées au créneau pour dénoncer les mauvaises conditions de leur préparation ou l’inégalité de traitement par leurs fédérations vis-à-vis des hommes.
Sur les dix stades répartis dans neuf villes des deux pays, de nombreux visages connus de la discipline manqueront à l’appel, rattrapées pour la plupart par de graves blessures aux genoux, un fléau propre au football féminin et encore peu étudié par la science.
L’Anglaise Beth Mead, meilleure joueuse du dernier Euro gagné par les Anglaises à domicile, est touchée, comme sa compagne néerlandaise Vivianne Miedema ou les attaquantes françaises Marie-Antoinette Katoto et Delphine Cascarino.
De retour d’une même blessure, la double Ballon d’Or espagnole Alexia Putellas magnifie en revanche une sélection espagnole engluée dans un profond conflit entre le sélectionneur et plusieurs joueuses « rebelles », dont une douzaine manquent à l’appel.
Hégémonie américaine
Allemagne, France, Espagne, Angleterre, Suède, Canada, Australie, Pays-Bas… Toutes ces nations croient en leur chance de briser l’hégémonie américaine en Coupe du monde, qui dure depuis 2015.
Quadruples vainqueures et double tenantes du titre, les Américaines peuvent devenir les premières à soulever le trophée trois fois de suite. Mais l’écart se resserre…