Surnommé “Teflon” pour avoir survécu aux différents scandales qui ont secoué ses quatre gouvernements depuis 2010, le dirigeant de droite libérale (VVD) a déclaré qu’il se retirerait après les élections législatives anticipées provoquées par l’effondrement de sa dernière coalition, après des disputes internes autour du durcissement de la politique d’asile néerlandaise.
Le chef du gouvernement, le deuxième de l’Union européenne à la plus longue longévité au pouvoir, après le Hongrois Viktor Orban, a déclaré avoir des “sentiments mitigés” à l’idée de se retirer. “Ce n’est pas complètement sans émotion, a-t-il déclaré, cité par la radio-télévision publique NOS. Mais cela fait du bien de passer le flambeau.”
Mark Rutte, qui a l’habitude de se rendre à des rendez-vous officiels à vélo, aura dirigé les Pays-Bas pendant plus d’une décennie, pendant laquelle il a soigné son image de “Monsieur Tout-le-monde” afin de séduire les électeurs.
Le Premier ministre néerlandais devait initialement briguer un cinquième mandat à l’issue des élections de l’automne prochain, pour lesquelles il était pressenti comme tête de liste. Mais il a créé la surprise lundi en annonçant son retrait à venir de la vie politique.
“Hier matin, j’ai pris la décision que je ne suis plus apte à être de nouveau tête de liste pour le VVD. À l’occasion de l’investiture d’un nouveau gouvernement après les élections, je quitterai la politique”, a-t-il affirmé devant des députés abasourdis. Mark Rutte a déclaré qu’il resterait à son poste à titre intérimaire jusqu’aux élections, prévues au plus tôt à la mi-novembre, selon le conseil électoral néerlandais.
Le gouvernement de Mark Rutte s’est effondré vendredi après qu’il eut proposé des mesures clivantes autour de l’accueil des demandeurs d’asile, tout en sachant que deux des quatre partis de son gouvernement de coalition les refuseraient.
Il s’était engagé à limiter le nombre de demandeurs d’asile à la suite d’un scandale lié à sa gestion du centre d’enregistrement des réfugiés surpeuplé de Ter Apel, devant lequel des centaines de réfugiés ont été contraints de dormir à la belle étoile et où un bébé est mort, même si la cause exacte de son décès n’a toujours pas été déterminée.
L’événement le plus marquant de son passage au pouvoir a été la catastrophe du vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine en 2014, a souligné Mark Rutte. La majorité des 298 victimes de l’avion, qui voyageait d’Amsterdam à Kuala Lumpur, étaient des Néerlandais. “C’était tellement immense”, a-t-il dit.
Hommages
Des hommages à Rutte sont venus des Pays-Bas comme de l’étranger, alors que le pays s’interroge sur son possible successeur. Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a déclaré sur Twitter : “Merci pour tout, Mark. Il n’y a pas que les Pays-Bas à qui vous manquerez.”
“Vos choix n’étaient pas les nôtres, mais vous les avez faits avec conviction et cela mérite beaucoup de respect”, a déclaré au Parlement Geert Wilders, chef du parti d’extrême droite PVV.
Après l’annonce de Mark Rutte, les partis d’opposition ont abandonné une motion de censure à la chambre basse du Parlement qui visait à le destituer du poste de Premier ministre intérimaire.
Alors qu’aucun successeur évident n’a pour l’heure émergé au sein du VVD, la campagne électorale pour l’ère post-Rutte promet d’être l’une des plus houleuses depuis plusieurs décennies, après l’émergence récente d’une formation pro-agriculteurs, le BBB. Ce dernier est arrivé en tête lors des élections régionales de mars dans tous les conseils régionaux, ainsi qu’au Sénat dont la composition dépend de ces élections locales.
Sa dirigeante Caroline van der Plas a dit ne pas exclure de viser le poste de Première ministre.