Impact du changement climatique au Maroc : les défis croissants du secteur énergétique

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la température annuelle moyenne au Maroc a augmenté ces dernières décennies, et cela est plus prononcé pendant les mois les plus chauds et les plus secs (d’avril à juin).

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Dans l’absolu, Aziz Akhannouch, pourtant à l’origine du Plan Maroc Vert, n’a jamais réussi à affranchir la croissance du PIB, et les créations d’emplois dans la ruralité, des soubresauts de la pluviométrie. A child crouches over Crédit: FADEL SENNA / AFP

“Les projections climatiques indiquent que l’augmentation des températures se poursuivra jusqu’à la fin de ce siècle, avec des vagues de chaleur plus fréquentes, intenses et répandues. Cela entraînera une augmentation notable de la demande énergétique pour la climatisation, avec la probabilité d’accroître la dépendance du Maroc vis-à-vis des interconnexions régionales. Les vagues de chaleur peuvent également affecter l’efficacité de la transmission et la production d’énergie des centrales solaires photovoltaïques et éoliennes”, fait savoir le rapport.

Le Maroc a pour rappel enregistré une hausse de température de 1,7° entre 1971 et 2017. Un réchauffement qui varie entre les zones, atteignant les 2° dans les régions de l’Oriental et de l’anti-Atlas. Une hausse des températures qui ne devrait pas se calmer de ci-tôt et pourraient atteindre dans le meilleur des cas entre 1,5° et 1,8° et dans le pire des cas entre 2° et 3°.

“Le Maroc est devenu progressivement plus aride et la diminution des précipitations annuelles moyennes dans le pays pourrait se poursuivre, notamment dans un scénario à fortes émissions. Les projections climatiques montrent également que des sécheresses plus fréquentes et plus sévères pourraient survenir dans le centre et le sud du Maroc. La diminution des précipitations et les sécheresses plus fréquentes risquent d’interrompre la production d’énergie hydraulique et celle des centrales thermiques au charbon, qui nécessitent une grande quantité d’eau pour la production d’électricité et le refroidissement. Le Maroc fait déjà des efforts pour se tourner vers des technologies moins consommatrices d’eau, telles que le stockage hydraulique par pompage et les centrales électriques à cycle combiné au gaz naturel”, ajoute la même source.

La transition énergétique : le pari majeur  

“Le secteur de l’énergie est au cœur de la stratégie du Maroc en matière de changement climatique et contribue à la plus grande part de ses efforts d’atténuation. L’une des mesures clés est l’expansion de la production d’électricité renouvelable, qui représentait 17,6 % en 2020 et devrait atteindre 52 % d’ici 2030. Étant donné que les technologies d’énergie renouvelable sont généralement sensibles aux conditions climatiques et peuvent être négativement affectées par le changement climatique, il devient de plus en plus important de renforcer la résilience climatique. Cependant, la résilience climatique du secteur de l’énergie a été moins discutée par rapport à d’autres secteurs, même s’il y a eu des progrès notables dans les politiques d’adaptation et de résilience pour l’eau, l’agriculture, la biodiversité et la pêche”, précise le rapport.

Pour combler cette lacune, l’agence recommande l’établissement d’un plan sectoriel dédié en plus de l’identification d’actions concrètes pour renforcer l’adaptation et la résilience du secteur face aux aléas climatiques. Les experts de l’agence ont appelé au passage à la mise en place d’une évaluation systématique et complète des impacts existants et potentiels du changement climatique sur le secteur de l’énergie (tout en prenant en compte le futur mix énergétique). Autre recommandation, l’établissement de plans spécialisés pour les zones à haut risque sur la base de leur évaluation et suivre ces plans au moments de choisir l’emplacement d’unités de production.

Le Royaume gagnerait selon le rapport à évaluer comment la diversification du bouquet énergétique peut contribuer à la lutte contre le changement climatique  ou encore à accélérer l’adoption de technologies économes en énergie et en eau compte tenu de la pénurie croissante d’eau. Des mesures qui ont pour objectif final d’assurer la résilience contre les chaleurs extrêmes.

“Pour assurer une transition énergétique résiliente au climat au Maroc, l’établissement d’un plan sectoriel dédié au secteur de l’énergie sera la première étape. Ce plan sectoriel pourrait inclure des actions concrètes telles qu’une évaluation complète des impacts climatiques, l’élaboration de plans spécialisés pour les zones à haut risque, l’évaluation de l’effet de la diversification sur le mix énergétique et le passage à des technologies efficaces en termes d’eau et résistantes à la chaleur. De plus, le développement de stratégies spécifiques pour le secteur de l’énergie face aux différents types de risques climatiques pourrait soutenir le fonctionnement continu des systèmes énergétiques face aux catastrophes liées au climat”, conclut l’AIE.

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