Un nouvel incident qui pourrait assombrir les perspectives suédoises d’une adhésion à l’OTAN que la Turquie bloque. L’événement, qui coincïde avec l’Aïd Al-Adha, a rassemblé une centaine de badauds et de journalistes.
Vêtu d’un pantalon chino beige et d’une chemise claire, Salwan Momika, un Irakien de 37 ans ayant fui son pays pour la Suède, a piétiné le Coran à plusieurs reprises avant d’y glisser des lamelles de bacon et d’en brûler quelques pages, selon les journalistes de l’AFP sur place.
Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a immédiatement condamné l’incident sur Twitter : “Il est inacceptable de permettre ces actions anti-islamiques sous prétexte de liberté d’expression.”
Mübarek Kurban Bayramı’nın ilk gününde Kutsal Kitabımız Kur’an-ı Kerim’e yönelik #İsveç’te yapılan aşağılık eylemi lanetliyorum!#İslamkarşıtı bu eylemlere ifade özgürlüğü bahanesiyle izin verilmesi kabul edilemez.
Bu tarz menfur eylemlere göz yummak suça ortak olmaktır.
— Hakan Fidan (@HakanFidan) June 28, 2023
Le sujet est sensible dans le pays nordique. Une manifestation en janvier au cours de laquelle un Coran avait été brûlé devant l’ambassade de Turquie à Stockholm avait déjà suscité la colère d’Ankara et du monde musulman, débouchant sur des manifestations et appels au boycott de produits suédois.
“C’est fou, c’est absolument insensé, ce n’est que de la haine qui se cache derrière les concepts de démocratie et de liberté”, a réagi Noa Omran, artiste de 32 ans venue assister à la scène.
Plus tôt dans la journée, la police avait annoncé autoriser “le rassemblement”, estimant que “les risques de sécurité” liés au fait de brûler le Coran n’étaient “pas de nature à l’interdire”. Mais en fin de journée, elle a annoncé porter plainte contre l’organisateur, notamment pour incitation à la haine. Dans sa demande d’autorisation préalable, l’organisateur de l’autodafé, Salwan Momika avait dit vouloir “exprimer (son) opinion à propos du Coran”. “Je vais déchirer le Coran et le brûler”, avait-il écrit.
Ce même organisateur avait par ailleurs fait une demande en février, mais celle-ci avait été refusée par les autorités suédoises.
Selon un article du quotidien suédois Aftonbladet daté du 5 avril, Momika a assuré que son intention avec cette demande n’était pas de rendre difficile l’adhésion suédoise à l’Alliance atlantique. “Je ne veux pas nuire à ce pays qui m’a accueilli et qui a préservé ma dignité”, avait-il dit au journal, précisant qu’il souhaitait voir le Coran interdit en Suède.
La police de Stockholm avait refusé deux rassemblements en février — dont l’un à l’initiative de Momika — où il était prévu que des exemplaires du livre sacré de l’islam soient brûlés, invoquant des risques de troubles à l’ordre public.
Dans la foulée, les manifestants avaient fait appel de la décision, estimant que leur droit constitutionnel de manifester avait été bafoué. Un tribunal administratif leur avait donné raison début avril.
Mi-juin, la cour d’appel administrative a confirmé le jugement rendu en première instance, indiquant que les risques de sécurité avancés par la police “n’avaient pas de lien suffisamment clair” avec les rassemblements en question. C’est sur cette base que la police suédoise a pris sa décision mercredi, à seulement quelques jours du sommet de Vilnius, les 11 et 12 juillet, où Stockholm espère des avancées pour son entrée dans l’OTAN.
Ankara bloque la candidature de la Suède à l’OTAN, qui nécessite un feu vert unanime des membres de l’Alliance, en raison de ce qu’elle considère comme l’incapacité de Stockholm à sévir contre les groupes kurdes installés en Suède, qu’elle considère comme “terroristes”. Des pourparlers réuniront le 6 juillet à Bruxelles des représentants des deux pays, a annoncé mercredi le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg.