Notant les avertissements « assourdissants » lancés à propos des nouvelles formes d’intelligence artificielle, y compris par leurs créateurs, Antonio Guterres a estimé qu’ils ne devaient « pas nous distraire des dommages que la technologie numérique cause déjà à notre monde ».
« La prolifération de la haine et des mensonges en ligne provoque de graves dommages au niveau mondial, maintenant », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
« Cela alimente les conflits, la mort et la destruction, maintenant. Cela menace la démocratie et les droits humains, maintenant », a-t-il insisté, en présentant une note d’orientation sur le sujet, qui fait partie d’une série de recommandations dans la perspective du Sommet pour l’avenir en 2024.
Il a ainsi appelé à élaborer un « code de conduite des Nations unies pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques », qui servirait de « référence » en la matière.
Parce qu’aujourd’hui, même si les réseaux sociaux et autres outils en ligne ont apporté de nombreux bénéfices, « ces mêmes plateformes ont aussi mis au jour une face plus sombre de l’écosystème numérique », a-t-il précisé dans cette note.
« La capacité de disséminer à large échelle de la désinformation pour saper des faits scientifiquement établis pose un risque existentiel à l’humanité », a-t-il insisté, évoquant les risques de violences, les fausses informations véhiculées lors de la pandémie de Covid-19 ou encore la propagation de thèses niant la responsabilité de l’humanité dans le changement climatique.
« Ces risques se sont encore intensifiés à cause de l’avancée rapide de la technologie, comme l’intelligence artificielle générative », qui permet notamment de créer des « deepfake », photos et vidéos truquées de plus en plus réalistes.
Dans ce contexte, le Code de conduite qu’il propose devrait reposer selon lui sur une dizaine de principes, dont l’engagement à respecter l’intégrité de l’information, le respect des droits humains, le soutien des médias indépendants, une plus grande transparence des réseaux (notamment sur leurs algorithmes « connus pour amplifier » les fausses informations), une accélération des mesures pour contrer cette désinformation de la part des Etats et de tous les acteurs, tout en respectant la liberté d’expression et le droit à l’information.
« Nous devons apprendre des erreurs du passé », insiste le secrétaire général dans sa note. « Les plateformes numériques ont été lancées dans un monde qui n’était pas suffisamment conscient des dommages potentiels (qu’elles représentaient) pour les sociétés et les individus, et qui ne les avait pas suffisamment évalués ».
« Nous avons l’opportunité aujourd’hui d’assurer que l’Histoire ne se répète pas avec les technologies émergentes », a souligné Antonio Guterres. « L’ère de la philosophie ‘avancer vite et casser des choses’ de la Silicon Valley doit prendre fin ».