La Turquie vers un second tour inédit, avantage à Erdogan

Au lendemain d’un premier tour disputé, la Turquie se dirige lundi, pour la première fois de son histoire, vers un second tour qui devra départager le 28 mai le président Recep Tayyip Erdogan et son principal rival, Kemal Kiliçdaroglu.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan visite la province du sud-est de Hatay, durement touchée, qui a été détruite à la suite de deux tremblements de terre, le 20 février 2023. Crédit: Yasin Akgul/AFP

Les résultats définitifs des scrutins présidentiel et législatif restent attendus. Dimanche, les 64 millions d’électeurs turcs se sont massivement pressés aux urnes, avec un taux de participation provisoire frôlant les 90 %.

Après dépouillement de plus de 99 % des bulletins, Erdogan recueille 49,4 % des voix, contre 44,95 % pour son principal opposant social-démocrate, une issue meilleure qu’espérée pour le chef de l’État que les derniers sondages donnaient systématiquement à la traîne.

Pour le camp de l’opposition, qui appelait ces dernières semaines à “en finir au premier tour”, et affirmait dimanche soir être “en tête”, le résultat sonne en revanche comme une douche froide.

Si notre nation veut un second tour, alors nous gagnerons au second tour”, a toutefois assuré dans la nuit de dimanche à lundi Kiliçdaroglu, à la tête d’une large coalition de six partis d’opposition, affirmant que “la volonté de changement dans la société est supérieure à 50 %”.

Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu à une cérémonie du 61e anniversaire de la Cour constitutionnelle turque, le 25 avril 2023.Crédit: Republican People's Party press office / AFP

Recep Tayyip Erdogan, réélu en 2018 dès le premier tour de la présidentielle, a également pris la parole dans la nuit face à une foule de partisans. “Je crois sincèrement que nous continuerons à servir notre peuple ces cinq prochaines années”, a lancé le “Reis”, au pouvoir depuis 2003. Il avait multiplié ces dernières semaines les promesses électorales pour tenter d’amortir la très forte inflation qui frappe le pays.

Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président et ses alliés sont en parallèle en bonne voie pour conserver leur majorité au Parlement.

Dans ce climat d’incertitude, le principal indice de la Bourse d’Istanbul était en recul de 4 % lundi matin.

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L’issue du second tour dépendra pour partie d’un troisième homme, Sinan Ogan (nationaliste), qui a recueilli 5 % des voix environ au premier tour et n’a pas encore appelé à soutenir l’un des deux candidats.

Dans le quartier de Sishane, à Istanbul, les avis sont partagés lundi matin sur le verdict à attendre des urnes le 28 mai. Pour Betul Yilmaz, 26 ans, “Kiliçdaroglu peut l’emporter s’il fait alliance avec Sinan Ogan”. “Mais ça va être serré”, prédit la jeune femme, cheveux couverts d’un voile noir.

Tayyip Erdogan va gagner. C’est un vrai leader, les Turcs ont confiance en lui et il a une vision pour la Turquie”, croit quelques mètres plus bas Hamdi Kurumahmut, 40 ans, qui travaille dans le tourisme. “Bien sûr, il y a des choses qui doivent être améliorées, sur l’économie, l’éducation ou la politique d’accueil des réfugiés. Mais nous savons qu’il est celui qui pourra régler tout ça”, affirme-t-il.

Jusque dans la nuit, les deux camps se sont livré une bataille de chiffres, enjoignant à leurs observateurs respectifs de rester sur les lieux de dépouillement “jusqu’au bout”.

Le camp de Kiliçdaroglu a immédiatement contesté les premiers chiffres, qui donnaient une confortable avance à Erdogan, affirmant que les résultats des bureaux de vote les plus favorables au candidat de l’opposition n’avaient pas encore été comptabilisés du fait notamment de multiples recours.

Mais pour le quotidien progouvernemental Sabah lundi matin, l’arrivée en tête du président sortant au premier tour est “une formidable réussite”.