Elon Musk, patron de Tesla, de SpaceX et propriétaire de Twitter, sera reçu lundi matin à l’Élysée avant de se rendre au château de Versailles, près de Paris, où il rencontrera notamment le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire.
Le Maire, qui a fait état de négociations “en cours” avec le milliardaire américain, s’est réjoui de sa venue, y voyant “un signal très fort”. “Tous les investissements qui se font aujourd’hui sont le fruit de mois, voire d’années de négociations”, a-t-il souligné sur BFMTV-RMC.
Depuis sa première édition en 2018, “Choose France” est “devenu un rendez-vous incontournable” qui incarne le succès de la politique française pour faire baisser le coût du travail et réindustrialiser le pays, tout en accélérant la transition écologique, a affirmé la présidence.
Parmi les quelque 400 invités à Versailles figurent 206 patrons de multinationales, dont la moitié qui participeront pour la première fois à cette manifestation.
Les patrons étrangers présents seront pour moitié Européens, à 20 % Nord-Américains et à 15 % Asiatiques, a-t-on détaillé de même source.
5,2 milliards d’euros pour une gigafactory de batteries
Le plus gros des 28 projets annoncés a déjà été dévoilé par Macron vendredi lors d’un déplacement à Dunkerque (nord) : 5,2 milliards d’euros pour une gigafactory de batteries de nouvelle génération du taïwanais ProLogium avec 3000 emplois à la clé.
À Dunkerque également, le chinois XTC construira avec le français Orano une usine de composants et de recyclage de batteries pour 1,5 milliard d’euros.
Autre projet phare, l’implantation à Sarreguemines (est) d’une usine de production de panneaux photovoltaïques par Holosolis, une émanation du groupe européen Innoenergy, pour 710 millions d’euros, représentant 1700 emplois.
“Pendant des années, on a subventionné des panneaux photovoltaïques qui étaient faits au bout du monde, là on va avoir des panneaux photovoltaïques Made in France”
“Pendant des années, on a subventionné des panneaux photovoltaïques qui étaient faits au bout du monde, là on va avoir des panneaux photovoltaïques Made in France”, s’est félicité dimanche le ministre de l’Industrie Roland Lescure.
Parmi les autres projets, le géant suédois de l’ameublement Ikea annonce 906 millions d’euros d’investissements d’ici 2026.
Dans la pharmacie, le géant américain Pfizer injecte, comme l’an passé, 500 millions d’euros supplémentaires, tandis que le britannique GSK annonce 240 millions d’investissements sur trois sites de production français et plus de 150 millions pour la recherche et développement.
Les investissements présentés dans le cadre de “Choose France” ne représentent toutefois qu’une petite part des investissements directs étrangers réalisés chaque année dans l’Hexagone. Selon l’agence Business France, 1725 projets à capitaux majoritairement étrangers se sont implantés sur le territoire en 2022.
Avec une méthodologie différente, le cabinet EY en a recensé 1259, faisant de la France le pays le plus attractif en Europe pour les investisseurs étrangers en nombre de projets.
Bouchées doubles face à la concurrence
Emmanuel Macron, qui tente de relancer son deuxième quinquennat après la crise de la réforme très contestée des retraites, a récemment promis de mettre les bouchées doubles pour réindustrialiser le pays.
Objectif : espérer tenir le rythme face aux États-Unis qui se sont dotés d’un plan colossal d’aides publiques à leur industrie à la faveur de la transition énergétique imposée par le changement climatique, et face à la concurrence chinoise.
En première ligne pour que l’Europe riposte à ces politiques volontaristes sinon protectionnistes, le président a dévoilé plusieurs mesures censées “accélérer” le réveil de l’industrie française tout en la verdissant, comme un nouveau crédit d’impôt pour la production de batteries, éoliennes ou panneaux solaires.
Il a aussi annoncé la mise en place de “procédures hypersimplifiées” pour “diviser par deux les délais” d’une nouvelle implantation industrielle en France, dans un entretien au magazine Challenges.
“La priorité deses usines de batteries, d’Américains, d’Asiatiques ou d’Européens, c’est la rapidité. Vous pouvez leur proposer des milliards d’aides, si vous mettez deux ans à instruire une procédure et que ce sont des mètres cubes de papier, l’échec est assuré”, a-t-il estimé.
Macron a par ailleurs appelé à une “pause” réglementaire sur les nouvelles normes environnementales européennes, suscitant des critiques, notamment des écologistes, des inquiétudes d’observateurs et élus européens, et même l’embarras dans son propre camp. La Première ministre Élisabeth Borne a ensuite assuré samedi qu’il n’y avait “pas du tout de pause dans l’ambition climatique” de la France.