L’arrestation d’Ihsane El Kadi, dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie — qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Emergent — a suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe.
Poursuivi pour “financement étranger de son entreprise”, le patron de presse a été condamné le 2 avril à cinq années de prison, dont deux avec sursis. Le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a également prononcé la dissolution de sa société Interface Médias et la confiscation de tous ses biens saisis.
Dans une résolution largement adoptée jeudi par 536 voix pour, quatre contre et 18 abstentions, les eurodéputés appellent les autorités algériennes à autoriser de nouveau les médias qu’elles ont interdits, et à mettre un terme aux arrestations et aux détentions d’activistes politiques, de journalistes, de défenseurs des droits de l’homme et de syndicalistes.
À quelques semaines d’une visite d’État en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune, prévue en juin, les eurodéputés invitent les institutions de l’UE ainsi que les États membres à aborder l’affaire El Kadi avec les autorités algériennes et à condamner ouvertement la répression exercée contre la liberté des médias.
Ils les prient d’exhorter Alger à garantir l’octroi de visas et d’accréditations aux journalistes étrangers et de laisser ceux-ci travailler librement.
Reporters sans frontières (RSF) s’est félicité de l’adoption de cette résolution qui montre selon l’ONG que le Parlement européen “n’entend pas rester silencieux face à la répression menée par les autorités algériennes contre les derniers médias indépendants du pays, quand bien même il s’agit d’un partenaire économique important”.
“Alors que le procès en appel du journaliste El Kadi est attendu dans les jours qui viennent, RSF demande à la Commission européenne et aux États membres de tout faire pour que le journaliste retrouve sa liberté.”