Ensemble, BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies ont affiché plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) de bénéfices ce trimestre.
Pour Shell, le bénéfice net part du groupe ressort en progression de 22% sur un an à 8,7 milliards de dollars. Ses résultats ont notamment bénéficié d’une baisse des dépenses opérationnelles et d’une meilleure performance en chimie. Son chiffre d’affaires trimestriel s’inscrit à 89 milliards de dollars (+7%).
Les résultats du premier trimestre de Shell bénéficient d’un avantage comparatif par rapport à la même période l’an dernier, au début de l’invasion russe de l’Ukraine, quand le géant énergétique avait passé une lourde charge de 3,9 milliards de dollars liée à son retrait progressif de Russie, bien moins importante toutefois que celle de son rival BP.
Le directeur général de Shell, Wael Sawan, s’est félicité dans un communiqué jeudi de résultats « solides » et indique que le groupe va démarrer un programme de rachat d’actions de 4 milliards de dollars pour les trois prochains mois. Cette annonce poussait l’action qui prenait 2% à 2.373 pence à la Bourse de Londres vers 08H30 GMT.
Michael Hewson, analyste de CMC Markets, note que l’action s’est repliée depuis mars sur une « combinaison d’inquiétudes sur un ralentissement de la demande » mondiale, vu les risques de récession et crise bancaire qui persistent, « et à cause d’un repli prononcé des cours du pétrole et gaz » depuis un an.
Les cours avaient flambé dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine, poussant les résultats du secteur à des records l’an dernier, avant de retomber, au point que le cartel de pays producteurs Opep+ est récemment intervenu en diminuant sa production pour tenter de les soutenir.
« Malgré les pressions sur les prix du brut, Shell distribue de vastes quantités de cash » à ses actionnaires, « mais cela devrait raviver sans aucun doute les appels à plus de contributions aux coffres du Trésor », juge Derren Nathan, analyste de Hargreaves Lansdown. D’autant que les factures énergétiques, qui ont largement contribué à une crise du coût de la vie au Royaume-Uni et ailleurs, n’ont pas diminué.
ONGs vs « majors » pétrolières
Des ONG pro-environnement ont prévu de manifester devant le siège de Shell, après avoir perturbé les AG de BP ou de Barclays, banque qu’ils accusent de trop financer les extractions d’hydrocarbures polluants et contribuant au réchauffement climatique.
« Le gouvernement britannique devrait cesser d’émettre de nouveaux permis d’extraction de pétrole et gaz et forcer Shell et le reste du secteur à commencer à utiliser leurs profits obscènes pour réparer les dégâts que leurs carburants fossiles causent à travers le monde », a déclaré Greenpeace dans un communiqué.
BP a toutefois remporté la majorité des votes lors de son assemblée générale jeudi, malgré une part notable d’actionnaires remontés contre sa décision de ralentir sa transition énergétique ou contre son plan de rémunérations.
Le groupe britannique avait annoncé en février, en marge de résultats annuels record, qu’il comptait doper ses bénéfices d’ici 2030 en investissant davantage à la fois dans les énergies renouvelables mais aussi dans les hydrocarbures, ralentissant le rythme de sa transition énergétique.
TotalEnergies, qui a engrangé au premier trimestre un bénéfice en hausse de 12% à 5,6 milliards de dollars, se prépare à son tour à un débat climatique agité avec une partie de ses actionnaires lors de son AG le 26 mai.
Outre-Atlantique, ExxonMobil a particulièrement tiré son épingle du jeu: son bénéfice net a plus que doublé sur un an à 11,4 milliards de dollars, un record pour un premier trimestre.
Les dirigeants des grandes compagnies énergétiques ont aussi fait polémique ces derniers mois avec leurs rémunérations en forte augmentation : en pleine crise économique, celle de l’ex-patron de Shell Ben van Beurden avait grimpé l’an dernier à 9,7 millions de livres (11,4 M d’euros), représentant une progression de 53% sur un an.