Génération Green, gestion de l’eau, fourniture du marché : les exploitants expriment leurs inquiétudes à Akhannouch

Le Chef du gouvernement a tenu, vendredi dernier à Rabat, une série de réunions avec les représentants sectoriels des secteurs de l’agriculture. L’occasion pour les exploitants d’exprimer leurs inquiétudes à Akhannouch.

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Dans l’immense salle de réunion, Aziz Akhannouch n’a pas fait l’exercice tout seul. Aux côtés du Chef du gouvernement, Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime et des Eaux et forêts, ainsi que Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget ont permis de faire un état des lieux chiffrés. Mais la réunion était aussi l’occasion pour le gouvernement Akhannouch de distiller quelques messages à l’endroit des représentants sectoriels du secteur de l’Agriculture.

Lors de cette série de réunions, Aziz Akhannouch a reçu, les présidents de la Confédération marocaine de l’Agriculture et du Développement rural (COMADER), de la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de production et d’exportation des Fruits et Légumes (FIFEL), et avec les présidents des chambres agricoles. La réunion intervient au moment où le Maroc enregistre des taux d’inflation record : 10,1 % au mois de février dernier — et même 20 % pour les produits alimentaires —, du jamais vu depuis 1991 où le pic se situait à 7,99 %.

Abondance des produits à des prix raisonnables

Ces réunions ont été consacrées à l’examen des moyens de rétablissement de l’équilibre des chaînes de production dans le cadre de la stratégie “génération green”, lesquelles ont été impactées par la hausse des prix des intrants agricoles, la sécheresse, ainsi que par les répercussions de la pandémie du Covid-19 et celles de la guerre en Ukraine. L’occasion d’examiner également les moyens à même d’assurer la baisse des prix des produits agricoles et d’augmenter le niveau d’approvisionnement permanent du marché national”, justifie-t-on dans le communiqué final.

Au cours de ces réunions, le Chef du gouvernement a aussi plaidé auprès des professionnels pour “l’approvisionnement permanent du marché national et à la préservation de l’équilibre des chaînes de production, afin de garantir l’abondance des produits à des prix raisonnables et alléger l’impact de la hausse des prix sur les citoyens”. Et de rappeler que son gouvernement a mis en place un mécanisme de suivi pour un équilibre dans la balance commerciale agricole.

Et puis la question de la gestion des ressources en eau est largement revenue dans les discussions. Encore faut-il rappeler que le déficit pluviométrique met en péril la campagne agricole 2022-2023 : il n’a que très peu plu ces derniers mois au Maroc ; et les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture indiquent que seulement 4 millions d’hectares de cultures céréalières ont été emblavés. La menace est tellement prégnante sur l’économie du royaume que les prévisions de croissance de Bank Al-Maghrib pour 2023 tablent sur un taux de 2,6 %, soit deux points de moins que le HCP.

Agriculture en stress

Dans son communiqué, le gouvernement insiste donc sur “l’importance de la rationalisation de la gestion des ressources hydriques et de la recherche de solutions innovantes dans ce domaine, assurant que les départements gouvernementaux s’attellent à l’accélération des projets de dessalement des eaux afin de dépasser la problématique du stress hydrique”. Si les conséquences de la guerre en Ukraine et les fluctuations des cours du pétrole constituent des impacts extérieurs sur l’économie marocaine, le stress hydrique, notamment ses conséquences sur l’Agriculture (15 % du PIB), demeure la plus grande menace interne pour le royaume.

Autre point à l’ordre du jour, les difficultés des exportateurs de fruits et légumes. Dans le rôle de porteur du cahier revendicatif, la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de production et d’exportation des Fruits et Légumes (FIFEL). Celle-ci a sans doute repris à son compte la lettre datée du 31 mars et adressée au chef du gouvernement par les associations de producteurs exportateurs de fruits et légumes.

Ces derniers ont exprimé leurs inquiétudes face à la détérioration de leur situation, induite selon leur lettre, par la hausse des taxes de production, la baisse des rendements et la réduction des superficies dédiées à certaines cultures — la tomate notamment. “La situation risque d’empirer, sachant que le mois de Ramadan va coïncider de plus en plus avec la période de froid lors de laquelle l’offre en tomate ronde est moins importante”, alertaient-ils dans leur lettre.

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Au cours de leur réunion, le gouvernement indique son communiqué avoir débattu de la question “des conditions de production des fruits et légumes dans le royaume (…) les perspectives de développement du secteur, les moyens d’améliorer la situation sociale et économique des agriculteurs, ainsi que les moyens de traiter les difficultés qui confrontent les professionnels dans la production et la commercialisation des fruits et légumes”.

À l’endroit des présidents des chambres d’agriculture, le Chef de gouvernement a tenu à la stratégie agricole “génération green”, une des parties du projet de généralisation de la protection
sociale. Peu d’informations ont filtré de cette dernière réunion, mais le gouvernement assure qu’il “accorde un intérêt majeur à l’élément humain dans la perspective de promouvoir une classe moyenne agricole et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de stabilité de la population dans le monde rural”. Dont acte !