En février, le ministère irakien du Pétrole avait indiqué que la mise en œuvre du contrat butait encore sur des désaccords persistants, notamment sur le niveau de participation de l’Irak dans le projet prévu pour une durée de 25 ans.
Le Premier ministre irakien s’était rendu à Paris, et le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, était ce week-end à Bagdad à l’invitation du Premier ministre, selon la major française.
Finalement, Bagdad, qui voulait 40 % du projet, a accepté de réduire sa participation à 30 %, selon un compte-rendu publié ce mardi 4 avril par le conseil des ministres irakien, “étant donné l’importance de résoudre le problème”.
Dans la foulée mercredi matin, TotalEnergies a annoncé un accord avec le gouvernement “sur une participation de 30 % de la Basrah Oil Company (BOC)” dans ce projet baptisé GGIP (Gas Growth Integrated Project). Le consortium sera ainsi composé de TotalEnergies (45 %), de Basrah Oil Company (30 %) et de QatarEnergy (25 %).
“Grâce aux discussions de ces derniers mois, en particulier à quatre reprises entre le Premier ministre Al-Soudani et le PDG Patrick Pouyanné, le gouvernement irakien et TotalEnergies ont confirmé l’ensemble des termes du contrat signé en 2021 et défini conjointement les conditions et les assurances mutuelles nécessaires pour avancer sur le projet GGIP (Gas Growth Integrated Project)”, a précisé le groupe français. TotalEnergies “salue la continuité de la parole de l’État d’Irak sur ce contrat, ce qui envoie un signal fort et positif pour les investissements étrangers dans le pays”.
Le 21 mars, Patrick Pouyanné avait envoyé une mise en garde en exprimant publiquement ses doutes sur l’issue de ce projet, dont Bagdad a voulu réexaminer les termes après un changement de gouvernement : “Nous investissons pour 20 ans, donc si le contrat doit changer au bout de deux ans, cela signifie que nous n’y allons pas”, avait-il prévenu lors d’une présentation de son rapport climat.
“Nous connaissons la situation sécuritaire, géopolitique… Je pense que nous sommes assez audacieux pour y faire face, mais ce qui est fondamental pour moi c’est le respect du contrat (…) Je n’entraînerai pas la société dans un tel projet si nous devons en renégocier tous les termes (…) J’espère que nous trouverons un terrain d’entente. (…), mais il nous faut une réponse politique”, avait-il ajouté, recevant peu de temps après son invitation à Bagdad.
Vétuste et victime collatérale de la corruption, le réseau électrique irakien est en souffrance. Les délestages peuvent durer jusqu’à 12 heures par jour dans ce pays pourtant riche en hydrocarbures.
4 projets financés
TotalEnergies, présent en Irak depuis les années 1920, va investir avec ses partenaires dans quatre projets, à la fois dans les hydrocarbures et pour produire de l’électricité.
Un projet vise à “récupérer le gaz torché sur trois champs pétroliers afin d’alimenter en gaz des centrales électriques”. Un autre sera de développer une centrale solaire géante de 1 GW “destinée à alimenter le réseau électrique de la région de Bassorah. En accord avec les autorités irakiennes, TotalEnergies a invité l’entreprise saoudienne ACWA Power à participer à ce projet solaire”.
Un autre projet vise à augmenter la production du champ pétrolier d’Artawi, dans le sud du pays, de 85.000 barils/jour à 210.000 b/j. Et un dernier devrait permettre de “construire une usine de traitement d’eau de mer en vue de maintenir la pression des champs pétroliers et d’augmenter la production régionale”.
QatarEnergy a pour sa part “salué cette occasion de participer à un projet aussi important pour l’Irak et sa population”.
Lors de la signature du contrat en 2021, le gouvernement irakien avait affirmé qu’il s’agissait du “plus gros investissement d’une entreprise occidentale” dans le pays. Il avait à l’époque fait état d’un contrat portant sur un total de 27 milliards d’euros d’investissements dans la production pétrolière, gazière et solaire du pays, mais les investissements se montent bien, à ce stade, aux 10 milliards confirmés mercredi.