Nous savions que ce gouvernement, de par son leadership et de par sa composition, ne serait pas en mesure de relever les défis actuels », a notamment expliqué Nabil Benabdallah pour justifier la position de son parti de ne pas réintégrer la majorité gouvernementale après sa sortie du gouvernement El Othmani en 2019, deux ans avant l’échéance électorale.
Le leader du PPS est revenu sur les dix engagements inclus dans le Programme du gouvernement Akhannouch. En 2021, l’Exécutif tablait sur une croissance économique de 4 %, et sur la création d’un million d’emplois à l’horizon 2026, en plus de faire passer le taux d’emploi des femmes de 20 à 30 % en 2026, et de concevoir un programme de couverture sociale globale et généralisée.
Monts et merveilles
Dans sa Déclaration gouvernementale, Aziz Akhannouch promettait également de faire sortir un million de familles marocaines de la pauvreté ou de la vulnérabilité, avec aussi bien la protection que l’élargissement des classes moyennes marocaines, ainsi que la réduction des disparités sociales de 46 à 39 %.
Enfin, le chef de l’Exécutif s’était engagé sur un renforcement du système éducatif national pour hisser le Maroc au 60e rang mondial, une généralisation de l’enseignement préscolaire et une concrétisation de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe.
“Ce déficit d’ambition du gouvernement fera perdre à l’économie marocaine 475 milliards dans les quatre prochaines années”
Au cours de l’émission politique, Nabil Benabdallah a notamment souligné que le taux de croissance enregistré pour 2022 a été de 1,3 % seulement. “Les prévisions les plus optimistes pour cette année 2023 oscillent entre 2 et 2,2 %, mais je ne pense pas que nous puissions les atteindre à cause de la détérioration de la situation au niveau mondial”, appose le patron du PPS.
“Ce déficit d’ambition du gouvernement fera perdre à l’économie marocaine 475 milliards de dirhams dans les quatre prochaines années”, alerte l’ancien ministre, pour qui l’actuel gouvernement “a complètement oublié les objectifs du Nouveau modèle de développement ayant comme horizon l’année 2035”. C’est que l’Exécutif en place “n’évoque plus le NMD dans les objectifs à atteindre”, tacle Benabdallah.
S’agissant du marché du travail, le dirigeant de l’opposition a rappelé les 24.000 emplois perdus en 2022, bien loin des 250.000 postes de travail promis annuellement en 2021 pour arriver au million en 2026, soit en fin de mandat du gouvernement.
Dégringolade sociale
Le taux d’activité des femmes a chuté, pour sa part, de 17,4 % à 16,4 %, d’après le leader du PPS qui déplore également l’absence de sources de financement du projet de généralisation de la protection sociale.
“Ils ont travaillé dessus et ont avancé grâce notamment au Registre social unifié, et disent qu’ils vont supprimer l’AMO en 2022, et que les indemnités sociales seront établies en 2023, voire en 2024, et que la retraite est prévue pour 2025”, égrène l’ancien responsable gouvernemental, tout en se demandant comment Aziz Akhannouch va financer les 51 milliards de dirhams par an que nécessite ce grand projet social.
“Face aux pressions inflationnistes, le gouvernement n’a rien fait pour protéger le pouvoir d’achat des Marocains”
“Vu la hausse des prix, le gouvernement a déclaré, fin août 2022, que les ressources supplémentaires apportées par les impôts allaient atteindre les 38 milliards de dirhams. Mais ils ont sans doute dépassé les 50 milliards de dirhams et ne veulent pas dire quoi faire de cet argent”, présume Benabdallah.
Quant à la promesse de faire sortir un million de familles marocaines de la pauvreté, l’homme politique rappelle les données du Haut-commissariat au plan (HCP), attestant que le seuil de pauvreté concerne désormais 3,2 millions de Marocains supplémentaires. “Face aux pressions inflationnistes, le gouvernement n’a rien fait pour protéger le pouvoir d’achat des Marocains”, juge-t-il en ce sens.