Dans son rapport public annuel, dévoilé vendredi, la Cour des comptes, juridiction financière de l’ordre administratif en France, a tiré la sonnette d’alarme, pointant une croissance au ralenti, une dette supérieure à 111% du PIB, des dépenses qui continuent de croître, sans compter les milliards d’euros dépensés pour faire face à la crise sanitaire et l’envolée des prix de l’énergie.
« La crise énergétique a prolongé la période de soutien public massif à l’économie et aux ménages, synonyme de déficit et de dette publics toujours très élevés », constate la Cour dans son rapport.
« Il est donc indispensable de mettre en place une stratégie qui combine redressement résolu des finances publiques et redressement du potentiel de croissance à moyen terme », note-t-elle, estimant que les recettes fiscales seront moins dynamiques en 2023 alors que la dépense publique continue de croître.
Si le bouclier tarifaire sur l’électricité et le gaz, les remises à la pompe ou encore le chèque énergie ont permis à l’Hexagone d’afficher le taux d’inflation le plus faible de la zone euro l’an dernier, ces mesures représentent un coût net de près de 43 milliards d’euros sur deux ans, auxquels s’ajoutent encore 50 milliards de dépenses sanitaires et de relance de l’économie, constatent les « Sages de la rue Cambon ».
Avec un déficit public à 5% du PIB et une dette publique supérieure à 111%, la situation des finances publiques de la France restera ainsi en 2023 parmi « les plus dégradées de la zone euro », loin des objectifs fixés par les autorités européennes, observe l’institution.
Pourtant, la trajectoire pour réduire déficit et dette d’ici à 2027, fixée dans un projet de loi de programmation des finances publiques rejeté par le Parlement, est peu ambitieuse, déplorent-ils.
A cet horizon, l’exécutif entend faire refluer le déficit sous la limite européenne des 3% du PIB, soit deux ans ou plus après les autres principales économies de la zone euro, alors que l’endettement est attendu peu ou prou au même niveau (110,9%).
Ces objectifs risquent de dérailler, les hypothèses retenues pour les atteindre étant jugées « trop optimistes », que ce soit en termes de croissance, d’évolution des taux d’intérêt ou de dépenses publiques.
« Si l’une de ces hypothèses devait se révéler trop favorable, l’objectif d’inflexion du taux d’endettement à l’horizon 2027 ne serait pas atteint », prévient la Cour. Pire, la dette se creuserait jusqu’à 115% du PIB, d’après elle.
La Cour souligne, par ailleurs, la nécessité pour la France de se doter d’une loi de programmation pluriannuelle des finances publiques, dont l’absence fait peser, selon elle, un risque sur l’encaissement des fonds européens, attendus à 12,7 milliards d’euros en 2023.