Le gouvernement compte apporter des retouches à sa Stratégie nationale de développement durable (SNDD). Adoptée en 2017, cette feuille de route est à redessiner, tout en gardant deux objectifs prédéfinis, soit “l’accélération de la transition vers une économie verte et inclusive d’ici 2030”, et “l’apport d’une réponse concrète aux engagements internationaux du Maroc”.
Mandatée par le chef du gouvernement pour procéder à l’évaluation de la SNDD, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, a convoqué une conférence de presse ce vendredi 10 mars pour annoncer le lancement officiel de l’opération. En amont, l’évaluation de la SNDD par le ministère a donné lieu à six nouvelles orientations, désormais adoptées en principes structurants pour l’élaboration de la future SNDD.
Mission rattrapage
On y retrouve notamment le souci d’inclure les orientations du Nouveau modèle de développement et son inscription dans la durabilité à horizon 2035. Il s’agira également de “fixer des objectifs mesurables jalonnés dans le temps”, un des maillons faibles de l’ancienne stratégie.
D’autre part, la ministre entend “élaborer une feuille de route de mise en œuvre de la SNDD qui permettra l’agilité nécessaire au regard du contexte national et international évolutif”, outre la “définition d’une vision intégrative, intersectorielle, dans une logique de convergence des politiques et stratégies publiques afin de renforcer les synergies nécessaires à l’atteinte des objectifs et priorités nationales en matière de développement durable”, a-t-elle expliqué.
Côté opérationnel, l’élaboration de la future SNDD s’appuie sur des instances de pilotage préexistantes que sont la Commission nationale de développement durable (CNDD), présidée parle chef de gouvernement, et le Comité de suivi de la SNDD (CS-SNDD) présidé par Leila Benali. Le suivi opérationnel de son élaboration s’appuie, quant à lui, sur la mise en place d’une Unité de gestion du projet (UGP) et d’un Comité opérationnel.
Écoute active
La ministre Benali envisage donc un “processus de refonte de la SNDD”. Plusieurs concertations sont prévues dans ce sens avec un ensemble de secteurs, dont des départements ministériels, le secteur privé, les Administrations territoriales, les Conseils régionaux et locaux, et des ONG qualifiées de “représentatives”.
Un processus de consultation citoyenne est également au programme, à travers une future plateforme en ligne, en plus de l’organisation des Assises régionales du développement durable au niveau des 12 régions. “Nous souhaitons mettre les thématiques de développement durable au cœur des préoccupations de chaque région, et veiller à leur articulation avec les orientations stratégiques de la future SNDD”, a notamment souligné la ministre.
Le 13 mars prochain, Laâyoune, Dakhla et Guelmim accueilleront les premières Assises régionales qui se poursuivront dans les régions restantes du 14 au 20 mars.
Leila Benali a annoncé dans la foulée des Assises nationales du développement durable dont la date n’a pas encore été fixée. “Elles seront organisées pour clore le processus de concertation nationale afin de présenter la stratégie ainsi que la feuille de route de sa mise en œuvre qui émanera de ce dispositif de concertation et de co-construction”, a-t-elle assuré.
Démenti officiel
En marge de cette conférence, Leila Benali a démenti l’existence de tout contrat qui lierait son ministère à une agence de communication étrangère, comme rapporté tout récemment dans la presse.
Mercredi 8 mars, le député MP Mohamed Ouzzine a en effet adressé une question écrite à la ministre sur son supposé “recours à une entreprise française pour gérer sa communication au sein du ministère, d’un montant de trois millions de dirhams”. Le parlementaire a indiqué dans sa question que “le directeur de cette entreprise, qui est un ressortissant étranger, affiche une présence continue dans toutes les activités du ministère”, ce qui constitue d’après lui “une atteinte à la souveraineté marocaine dans un secteur très vital pour le pays”.
Elle a déclaré sur ce sujet s’être “renseignée auprès des services en charge de la communication au sein du ministère”, qui “assurent s’appuyer sur l’expertise marocaine dans le domaine, contrairement à ce qui a été relayé”. Et d’estimer que cela “s’inscrit dans le cadre des campagnes de diffamation visant le ministère”. La ministre a évoqué sur ce registre “une tentative de chantage à l’administration publique”, et “un appel à la violence contre les personnes”.
Selon elle, le partenaire privé avec lequel le ministère a récemment établi un contrat est “une société marocaine inscrite au Registre du commerce auprès des tribunaux marocains”.