Deux mois seulement après l’embargo européen sur le pétrole brut russe, l’Union européenne (UE) entame le deuxième volet des sanctions économiques entreprises à l’égard de la Russie et interdit l’import de produits raffinés russes, principalement le diesel.
Comme l’explique Bloomberg dans un article publié le 31 janvier, le Maroc et la Turquie pourraient permettre, dans une certaine mesure, le contournement de l’embargo et le maintien du carburant russe sur le marché.
Selon des données de Vortexa Ltd reprises par le site d’information économique, la Turquie a importé 213.000 barils de diesel russe par jour en décembre 2022, ce qui constitue le plus haut niveau d’import de diesel russe en Turquie depuis le début de l’année 2016. Parallèlement à cela, la Turquie exporte désormais davantage de diesel vers l’Europe (près de 100.000 barils par jour en janvier).
Au Maroc, les importations sont également en forte hausse et ont atteint des dimensions inédites en janvier 2023 où la part de diesel russe dans les importations totales de diesel au Maroc a augmenté jusqu’à atteindre le seuil des 45 %. Dans le même temps, le royaume a grandement réduit les imports de diesel provenant de ses deux fournisseurs historiques, l’Espagne et l’Arabie Saoudite.
Cette intensification des flux vers la Turquie et le Maroc n’a rien d’un hasard. En effet, les éventuels imports de diesel russe en Europe par l’intermédiaire du Maroc ou de la Turquie ne sont pas rendus illégaux par l’embargo effectif depuis le 5 février.
Ces nouveaux circuits sont ainsi amenés à gagner une importance capitale dans les prochains mois, surtout lorsque l’on étudie l’interdépendance encore très forte entre la Russie et l’UE en matière d’échange de diesel. En janvier, et alors que l’embargo du 5 février avait été annoncé depuis déjà un long moment, l’UE a reçu plus d’un quart de ses importations de diesel de la Russie, tandis que l’UE a représenté environ 41 % du marché d’exportation russe dans le même mois.
Cependant, et comme le rappelle Bloomberg, “les flux actuels vers le Maroc et la Turquie ne suffiront pas à remplacer l’énorme demande perdue que la Russie devra remplacer lorsque l’Europe cessera d’importer”.