Au cours de ce “voyage politique historique”, selon les termes de la diplomatie israélienne, les deux pays se sont “mis d’accord pour avancer vers une normalisation des relations”, a affirmé le ministère soudanais des Affaires étrangères.
“Un traité de paix entre le Soudan et Israël” sera signé “après le transfert du pouvoir au Soudan à un gouvernement civil qui sera établi dans le cadre du processus de transition en cours dans le pays”, a indiqué le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen, une fois de retour en Israël.
Après la chute en 2019 du dictateur Omar el-Béchir, civils et militaires se sont partagé le pouvoir au Soudan jusqu’au 25 octobre 2021, date à laquelle le général Abdel Fattah al-Burhane a pris le pouvoir après un coup d’État. La transition démocratique est depuis interrompue et le dialogue politique dans l’impasse, et la répression exercée par les forces de l’ordre a tué plus de 120 militants opposés au putsch.
Eli Cohen a rencontré dans la capitale soudanaise le général Burhane, chef de facto du pays depuis le putsch, et le ministre nommé par ce dernier à la tête de la diplomatie, Ali al-Sidiq.
Adhésion aux accords d’Abraham en 2021
En janvier 2021, le Soudan avait exprimé son adhésion aux accords d’Abraham, par lesquels trois autres États arabes (Emirats arabes unis, Bahreïn et Maroc) ont reconnu Israël, alors que civils et militaires se partageaient encore le pouvoir au Soudan. Le pays avait ainsi rompu avec la position inflexible de Béchir, grand ennemi de l’État hébreu et longtemps proche du mouvement palestinien Hamas.
Avec ces accords, Khartoum, au ban de la communauté internationale durant un long embargo sous Béchir, avait obtenu une aide financière des États-Unis, quelques semaines après son retrait de la liste américaine des États accusés de financer le terrorisme.
Contrairement aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et au Maroc, le Soudan n’a toutefois pas fait suivre l’accord jusqu’ici de mesures concrètes pour approfondir les liens. Et la ratification formelle par des institutions élues n’a toujours pas eu lieu, le pays nageant en plein marasme politique.
Le putsch a aussi provoqué le naufrage économique du Soudan, la communauté internationale ayant alors interrompu son aide de deux milliards de dollars annuels, une manne précieuse pour ce pays, l’un des plus pauvres au monde.
“Nous mettons un terme à 75 ans d’hostilité avec Israël”
Selon le Conseil souverain soudanais, présidé par le général Burhane, ce dernier et Eli Cohen ont discuté des “moyens d’établir des relations fructueuses” et des “projets possibles de coopération” dans des domaines aussi variés que la sécurité, l’agriculture, l’énergie, la santé, l’eau et l’éducation.
“Israël œuvrera après la signature (du traité de paix, ndlr) pour aider les efforts de développement du Soudan dans les domaines de l’agriculture, de l’eau, de la médecine, a confirmé Eli Cohen. La signature d’un accord de paix servira les deux pays, elle renforcera la sécurité nationale d’Israël, la stabilité régionale et contribuera à l’économie.”
“Nous mettons un terme à 75 ans d’hostilité avec Israël”, s’est réjoui Eli Cohen.
En octobre 2021, dès son tout premier discours, quelques heures après son coup d’État, le général Burhane avait assuré que son pays resterait lié par les accords internationaux qu’il avait signés. En novembre, il avait ainsi envoyé un message de félicitations au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui venait de remporter les législatives avec ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes.
Autre pays africain, le Tchad a inauguré jeudi une ambassade en Israël, quatre ans après la reprise des relations diplomatiques entre les deux États. Benjamin Netanyahu, qui a participé à l’inauguration de l’ambassade à Ramat Gan près de Tel-Aviv, avec le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, a salué “un moment historique”, d’après son bureau.
(avec AFP)