L’information a été annoncée vendredi soir par Nicole de Moor, secrétaire d’Etat belge à l’Asile et la Migration, et l’avocate française de l’imam, Lucie Simon. « Nous ne pouvons pas permettre à un extrémiste de se promener sur notre territoire. Toute personne qui n’a pas le droit d’être ici doit être renvoyée », a souligné Mme de Moor, saluant « la bonne coopération » avec la France sur ce dossier.
Hassan Iquioussen, prédicateur du nord de la France dont le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé l’expulsion fin juillet, a été renvoyé dans un avion vers Casablanca après la délivrance jeudi d’un laissez-passer par le consulat du Maroc à Liège.
A Paris, le ministère de l’Intérieur a précisé que l’arrêté d’expulsion français « vaut interdiction de retour » sur le sol européen. L’imam est inscrit au fichier des personnes recherchées partagé dans le système Schengen, « ce qui permet d’empêcher toute entrée dans l’espace européen », a-t-on précisé de même source.
« C’est une grande victoire contre le séparatisme », a-t-on commenté dans l’entourage de Gérard Darmanin. L’imam âgé de 58 ans, fiché S (pour sûreté de l’Etat) par les services de renseignement français, était au cœur d’un imbroglio politico-juridique depuis six mois.
Fin juillet, Gérald Darmanin avait annoncé son expulsion, lui reprochant « un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ».
Mais l’imam était introuvable au moment où l’arrêté avait été définitivement validé par le Conseil d’Etat le 31 août. Il avait fui en Belgique francophone où il a été arrêté dans la région de Mons (sud-ouest) le 30 septembre.
Incarcéré puis brièvement assigné à résidence sous surveillance électronique, le prédicateur avait ensuite été placé en centre fermé près de Liège (est) à la mi-novembre, après l’échec devant les tribunaux belges de la procédure du mandat d’arrêt européen lancée par la France.
Il avait alors multiplié les recours contre l’ordre de quitter le territoire qui le visait. Sans succès.
Le laissez-passer permettant l’éloignement de l’imam vers son pays d’origine a été délivré jeudi par le consul général du Maroc à Liège, avec une validité d’un mois, selon un document obtenu par l’AFP. Lucie Simon s’est étonnée vendredi soir de la « volte-face » de Rabat, qui avait refusé l’été dernier à la France de délivrer un tel laissez passer.
« Je suis surprise de la volte-face des autorités marocaines et j’estime que la vie de M. Iquioussen est en France », a réagi l’avocate, soulignant ne pas avoir été informée de la délivrance du document consulaire.
« Nous attendons le jugement sur le fond du Tribunal administratif de Paris, si l’arrêté d’expulsion (français) était annulé, la France devra assurer son retour », a-t-elle ajouté.
Désavouant le tribunal administratif de Paris, qui avait suspendu en urgence début août l’expulsion de l’imam, le Conseil d’Etat avait estimé fin août que cette décision de l’expulser vers le Maroc ne constituait pas « une atteinte grave et manifestement illégale à (sa) vie privée et familiale ».
Né en France, Hassan Iquioussen avait décidé à sa majorité de ne pas opter pour la nationalité française. Il affirme y avoir renoncé à 17 ans sous l’influence de son père et avoir ensuite tenté en vain de la recouvrer. Il a cinq enfants et 15 petits-enfants, tous Français.
Dans un nouvel arrêté de reconduite à la frontière pris à la mi-décembre, les services belges de l’immigration observaient qu’en cas d’expulsion vers le Maroc, il n’y avait pas d' »obstacles insurmontables » au maintien des relations de l’imam avec sa famille.
Ce document rappelait que son épouse dispose d’un droit de séjour en France lui permettant des allers et retours au Maroc.