Bien plus qu’un match !”, selon le quotidien régional Sud-Ouest, ce duel inédit en Coupe du monde se jouera “entre amis avec l’histoire à leur porte”, pour Le Parisien.
Cette “confrontation chargée de symboles”, selon La Provence, peut consacrer la régularité des Bleus, en quête d’un doublé historique et d’une troisième étoile, ou l’insouciance des Lions de l’Atlas, première équipe africaine qualifiée pour le dernier carré de la compétition reine.
L’optique d’un duel en finale dimanche (16 h) entre Mbappé et Messi, septuple Ballon d’Or encore buteur mardi contre la Croatie (3-0) et surmotivé par la perspective d’un premier trophée planétaire, ressemble à une apothéose, au bout d’un tournoi atypique et décrié, organisé pour la première fois en fin d’année civile et au Moyen-Orient.
“On est peut-être fous, mais c’est bien d’être fou”
Mais le Maroc “a envie d’écrire l’histoire, de mettre l’Afrique sur le toit du monde”, clame le sélectionneur franco-marocain des Lions de l’Atlas, Walid Regragui. “On est peut-être fous, mais c’est bien d’être fou.”
À la folie marocaine, la France oppose une solide expérience, un état d’esprit irréprochable, un panel de trentenaires fringants avec Antoine Griezmann, Hugo Lloris, Olivier Giroud et Raphaël Varane, et une superstar, Mbappé. L’attaquant du Paris SG est à deux victoires d’entrer dans la légende du football en devenant double champion du monde avant ses 24 ans, comme le Brésilien Pelé en 1962.
Mais ce dernier n’avait quasiment pas joué lors de son deuxième Mondial, diminué par une blessure. Mbappé, au contraire, survole la compétition, avec cinq buts en cinq matches (autant que Messi en six rencontres), neuf au total en deux éditions.
Face à lui sur la pelouse du stade al-Bayt, le prodige de Bondy va retrouver son meilleur ami de club, Achraf Hakimi, pilier de la sélection marocaine, natif de Madrid et symbole d’une équipe multinationale, dont 14 des 26 joueurs sont nés hors du pays.
Dimension symbolique
Mais bien au-delà de cette amitié, l’opposition France-Maroc se pare d’une dimension symbolique pour les centaines de milliers de binationaux vivant dans l’Hexagone, 66 ans après la fin du protectorat français dans le pays du Maghreb.
En présence d’Emmanuel Macron à al-Khor, au nord de Doha, et sous haute vigilance policière à Paris — 10.000 policiers et gendarmes mobilisés en France —, la rencontre “doit rester un match de foot, même s’il y a un historique, même s’il y a énormément de passion”, insiste Didier Deschamps, patron des Bleus.
Capitaine du sacre de 1998, sélectionneur de celui de 2018, l’entraîneur basque brigue une troisième finale mondiale avec sa sérénité habituelle et assure qu’une “dynamique positive s’est installée” dans le groupe, entre les cadres d’expérience et les quinze joueurs qui découvrent leur première Coupe du monde.
Après avoir enregistré une cascade de blessures, dont celle du Ballon d’Or Karim Benzema, les Tricolores reviennent de loin. Mais le succès contre l’Angleterre (2-1) en quart, premier gros test du tournoi, leur a donné confiance : ils savent désormais qu’ils sont dangereux même quand Mbappé est muselé.
Une “mer rouge” de supporters
Le Parisien risque de subir le même traitement mercredi face à “l’équipe qui a le mieux défendu” dans le tournoi, dixit Deschamps. Le Maroc n’a encaissé qu’un seul but, celui inscrit par son défenseur Nayef Aguerd contre son camp face au Canada (2-1). Les Lions de l’Atlas ont ensuite signé deux exploits, contre l’Espagne (0-0 a.p., 3-0 t.a.b.) puis le Portugal (1-0).
Ils peuvent en outre compter sur l’écrasant et bruyant soutien de leurs supporters, prêts à submerger dans la soirée le stade al-Bayt, où “une mer rouge et assourdissante” est attendue, comme l’écrit L’Équipe.
La défense de fer du Maroc est cependant contrariée par les blessures : Aguerd, le capitaine Romain Saïss ainsi que le latéral Noussair Mazraoui sont touchés et incertains.
De son côté, la France connaît son équipe-type depuis le deuxième match de groupe, mais le coup de froid qui amoindrit Dayot Upamecano et Adrien Rabiot, absents mardi de l’entraînement et très incertains, ajoute un voile d’incertitude à cette rencontre. Ibrahima Konaté en défense et Youssouf Fofana au milieu sont les alternatives les plus logiques, mais avec moins de garanties.
D’où l’importance d’aborder la rencontre avec une “concentration extrême”, selon Lloris. “Plus on avance dans la compétition et plus on se rapproche de quelque chose de fort et de grand”, concède le capitaine, qui connaît le chemin : soit une défaite et le match pour la troisième place samedi (16 h) contre la Croatie, soit un succès et la grande finale dimanche (16 h) contre l’Argentine.