Il n’est pas question que cette opération soit uniquement limitée à une opération aérienne », a déclaré le chef de l’Etat aux journalistes turcs qui l’accompagnaient au retour du Qatar, où il a assisté à l’ouverture de la Coupe du monde de football.
M. Erdogan menace depuis mai de lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, et l’attentat survenu le 13 novembre à Istanbul, aussitôt attribué par Ankara aux combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et des YPG (Unités de protection du peuple) a précipité les événements.
L’aviation turque a lancé dimanche l’opération « Griffe Epée », une série de raids qui ont visé 89 positions du PKK et des YPG dans le nord de l’Irak et surtout le nord-est de la Syrie, faisant 35 morts selon un bilan, lundi, de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de contacts en Syrie.
Lundi, des milliers de Syriens ont assisté aux funérailles d’une dizaine de ces victimes, a constaté un correspondant de l’AFP. « Nous implorons le monde et tous ceux qui se soucient des droits humains » de mettre fin aux attaques de la Turquie « qui nous cible avec ses avions et drones », a supplié Chaabane, 58 ans.
Mais après une série de tirs de roquettes depuis le territoire syrien vers la frontière turque, qui ont fait au total trois morts et une quinzaine de blessés en Turquie depuis dimanche soir, l’heure n’est pas à l’apaisement.
Un enfant et un enseignant de la ville frontalière turque de Karkamis (sud-est) ont été tués lundi matin dans un tir de roquette parti de Syrie, selon le ministre turc de l’Intérieur.
M. Erdogan a réaffirmé sa détermination : « Nous avons déjà prévenu : nous ferons payer ceux qui nous dérangent sur notre territoire ». « Les unités compétentes, notre ministère de la Défense et notre état-major décideront ensemble de la puissance qui doit être engagée par nos forces terrestres », a-t-il annoncé, faisant état de « consultations » en cours.
Entre 2016 et 2019, la Turquie a mené trois opérations d’envergure dans le nord de la Syrie contre les milices et organisations kurdes. Ankara répète vouloir créer une « zone de sécurité » de 30 km de large le long de sa frontière sud.
L’armée turque a lancé lundi de nouvelles frappes près de Kobané (nord de la Syrie), a rapporté un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), dont la principale composante sont les YPG kurdes. Une information confirmée par l’OSDH. L’un de ces raids a visé une position des forces du régime syrien, selon les FDS.
Un échange de tirs d’artillerie entre les forces turques soutenues par des supplétifs syriens et les FDS a éclaté par ailleurs après des tirs de roquette contre la ville turque de Karkamis, selon un correspondant de l’AFP.
Le président Erdogan s’est félicité des premiers effets des raids turcs, menés à l’aide de « 70 avions et drones », affirmant que les combattants kurdes « se sont enfoncés de 140 km dans le nord de l’Irak et de 20 km dans le nord de la Syrie ».
M. Erdogan a assuré n’avoir eu « aucune discussion » avec les présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine au sujet de l’opération.
Les Etats-Unis soutiennent les YPG dans le nord-est de la Syrie face aux jihadistes du groupe Etat islamique, et la Russie appuie des milices pro-régime dans la même région.
Lundi, le gouvernement allemand a appelé la Turquie à agir de façon « proportionnée et en respectant le droit international ». « Ce qui implique notamment que les civils doivent être protégés », a insisté Berlin en exprimant son « extrême inquiétude ».