Sicpa West Africa inaugure ses bureaux africains et présente son dernier rapport concernant les enjeux de la traçabilité

Implantée dans la tour CFC (Casa Finance City) First, SICPA West Africa a inauguré ses bureaux africains ce jeudi 6 octobre.

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Sicpa West Africa inaugure ses nouveaux bureaux à la tour CFC first, jeudi 6 octobre à Casablanca Crédit: SICPA Maroc

Chargée du développement de SICPA en Afrique francophone, SICPA West Africa gère un centre d’excellence régionale dont une des deux missions principales est le déploiement de solutions de marquage et de traçabilité sécurisées en Afrique de l’Ouest ainsi que la mise en place de ces solutions dans d’autres régions du monde.

Dans ce sens, lors de leurs présentations, différents membres de l’équipe installée à CFC ont indiqué avoir contribué au déploiement de projets au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda, au Togo, en République démocratique du Congo, mais aussi à Dubaï et en Thaïlande.

L’autre mission du groupe est d’assurer le support technique, le développement de logiciels et l’assistance informatique au déploiement de projets de marquage, principalement en Afrique.

Depuis 2021, SICPA Maroc gère également un centre régional de codage de vignette fiscales sécurisées. Couvrant une surface de plus de 4800 m2, ce centre de codage dispose de technologie pour le codage de vignettes fiscales avec des éléments de haute sécurité visibles et invisibles.

En marge de cette inauguration, CFC et SICPA ont organisé une conférence qui a été l’occasion, pour Philippe Gillet, Chief Scientific Officer du groupe SICPA, de présenter le rapport CFC Africa insights, intitulé « Accompagner les transitions énergétique, alimentaire et de santé en Afrique », portant sur les enjeux de la traçabilité à l’échelle continentale.

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Pour Philippe Gillet, l’introduction de la traçabilité réduirait drastiquement les fraudes dont souffrent les différents secteurs auxquels s’intéresse ledit rapport.

Lutte contre la fraude dans le domaine de la santé

En ce qui concerne la santé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que 42% des faux médicaments qui lui ont été signalés proviennent d’Afrique, où 30% des médicaments vendus sont contrefaits et où plus de 200 000 enfants meurent en raison de l’administration de ces médicaments.

Estimé à plus de 7 trillions de dollars, le marché mondial de la santé fait aujourd’hui face à la fraude qui atteint 200 milliards de dollars dans le monde. Dans son rapport, le chercheur met en avant les dangers de ces médicaments falsifiés, qui peuvent contenir des composés mal dosés ou de mauvaise qualité, mais aussi qui peuvent être délibérément et frauduleusement mal étiquetés, ne révélant pas la réelle identité pharmaceutique, ni la provenance de ces derniers.

Le chercheur met également en garde contre la pollution médicamenteuse en évoquant des rivières contenant des principes actifs de plusieurs médicaments, en particulier d’antibiotiques.

L’industrie alimentaire privée annuellement de 30 à 40 milliards de dollars à cause de la fraude

Du point de vue de l’alimentation, Philippe Gillet rappelle que l’industrie agroalimentaire, estimée à 8000 milliards de dollars, est privée, chaque année de 30 à 40 milliards de dollars à cause de la fraude. D’ici 2050, on estime la nécessité d’une augmentation de 60% des productions alimentaires afin de nourrir les 9,3 milliards d’individus peuplant le monde.

Un des exemples mis en avant par Gillet est celui de l’huile d’olive, dont le Maroc est entrain de devenir l’un des plus grands producteurs en dehors de l’Union Européenne. Conscientes de la demande grandissante d’huile d’olive dans le monde, des mafias se sont saisis de son marché, multipliant les fraudes et contrefaçon, jusqu’à en faire un marché aussi profitable, voire plus profitable que celui des stupéfiants. Pour ce faire, ces contrefacteurs suivent plusieurs modes opératoires, tels que la substitution de l’huile d’olive par d’autres huiles, un étiquetage erroné, l’annonce de fausses provenances géographiques, mais encore sa dilution avec d’autres huiles inférieurs. En Europe, on estime à 1,5 milliards d’euros les pertes liées à ces fraudes, sur un marché de 3 milliards d’euros.

De plus, au-delà de ces pertes économiques, la fraude a également des impacts sur la santé publique, que Philippe Gillet illustre par un événement impliquant, en 1981, en Espagne, de l’huile de contrefaçon, entrainant des centaines de décès dus à un syndrome toxique.

L’importance de la traçabilité dans le domaine des énergies

Pour Philippe Gillet, le secteur des énergies est également un secteur où la traçabilité est nécessaire. En effet, des estimations indiquent des pertes annuelles de près de 133 milliards de dollars chaque année, en raison de vols, falsifications ou escroqueries liées au carburant. Ainsi, le chercheur explique que les pays s’étant dotés de processus de marquages directs des carburants nationaux ou importés ont réussi à détourner les problèmes liés aux importations illégales, au vol de carburant dans les pipeline, à la commercialisation de carburant frelaté, au raffinage illégal de pétrole brut mais aussi au détournement de carburant subventionné.

Considéré comme un nouvel enjeu de souveraineté, l’hydrogène, vecteur essentiel de la transition énergétique, sera lui aussi, selon Philippe Gillet, accompagné certifications, de normes et d’outils de traçabilité. Le chercheur explique que des projets de certifications sont en cours mais qu’ils ne sont pas aboutis en raison de l’absence de preuves physiques ou chimiques témoignant de l’utilisation d’énergie renouvelable pour le fabriquer.

Enfin, Philippe Gillet conclut son rapport par une affirmation : « la traçabilité des produits bruts et manufacturés s’avère incontestablement l’une des clés essentielles pour construire une économie de confiance ».