Giorgia Meloni, une ex-fan de Mussolini qui a conquis l’Italie

Probable future première ministre d’Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia, incarne un mouvement à l’ADN post-fasciste qu’elle a réussi à “dédiaboliser” pour arriver au pouvoir.

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La probable future première ministre de l'Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d'Italia. Crédit: Twitter - @GiorgiaMeloni

Sous la houlette de cette Romaine de 45 ans, FDI est devenu le premier parti du pays en raflant plus d’un quart des voix.

Aux législatives de 2018, FDI avait dû se contenter d’un maigre 4 % des voix, mais Meloni est parvenue depuis à rassembler sous son nom les mécontentements et frustrations des nombreux Italiens excédés par les “diktats” de Bruxelles, la vie chère et l’avenir bouché des jeunes.

“Je fais peur, moi ?”

Renvoyée par ses adversaires à sa longue expérience de militante dans la mouvance néo-fasciste, elle demandait à la foule pendant ses meetings de campagne : “Je fais peur, moi ?”

Elle a tenu à rassurer dimanche soir après le vote dans une courte allocution à la presse où elle a multiplié les appels à l’apaisement et à la concorde nationale. “Nous gouvernerons pour tous les Italiens… Nous le ferons dans l’objectif d’unir le peuple”, a-t-elle assuré.

De fait, Meloni et son parti sont les héritiers du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste créé après la Seconde Guerre mondiale dont elle a repris, à la fondation de Fratelli d’Italia fin 2012, la flamme tricolore.

À 19 ans, elle affirme à la chaîne française France 3 que le dictateur Benito Mussolini était “un bon politicien”. Elle reconnaît encore aujourd’hui à Mussolini d’avoir “beaucoup accompli”, sans l’exonérer de ses “erreurs”, notamment les lois antijuives et l’entrée en guerre. Mais elle dit aussi que dans son parti, “il n’y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l’antisémitisme”.

En 2006, Meloni devient députée et vice-présidente de la chambre. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Silvio Berlusconi. Il s’agit là de sa seule expérience gouvernementale. Une expérience à travers laquelle Meloni comprend que, au moins autant que les idées, la personnalité d’une jeune et jolie femme blonde dans une Italie encore très machiste séduit.

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Sa devise ? “Dieu, patrie, famille”. Ses priorités ? Fermer les frontières pour protéger l’Italie de “l’islamisation”, renégocier les traités européens pour que Rome reprenne le contrôle de son destin, lutter contre les “lobbys LGBT” et “l’hiver démographique” du pays, dont la moyenne d’âge est la plus élevée du monde industrialisé juste derrière le Japon.

En 2016, elle dénonçait “le remplacement ethnique en cours en Italie”, à l’unisson des autres formations d’extrême droite européennes.

“Meloni représente un point de référence pour la contestation, la protestation, la désaffection”, analyse pour l’AFP Sofia Ventura, professeur de sciences politiques à l’université de Bologne.

“Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne”, lance-t-elle à ses supporteurs en 2019 à Rome lors d’un fervent discours devenu célèbre.

Fin 2012, lasse des dissensions qui rongent la droite, elle fonde Fratelli d’Italia avec d’autres dissidents du berlusconisme, et choisit de camper dans l’opposition.

Lorsque Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne forme en février 2021 un cabinet d’unité nationale pour sortir l’Italie de la crise sanitaire et économique, elle et son parti sont les seuls à refuser d’y participer.

“L’Italie a besoin d’une opposition libre”, affirme-t-elle alors. C’est au nom de cette liberté, synonyme de souveraineté, que cette Atlantiste dénonce dès le premier jour l’invasion russe en Ukraine.