Dans un rapport publié le 4 août après une enquête de quatre mois, Amnesty International a accusé l’armée ukrainienne d’établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole selon elle le droit humanitaire international.
“Le fait de se trouver dans une position de défense ne dispense pas l’armée ukrainienne de respecter le droit international humanitaire”, a déclaré Agnès Callamard, la secrétaire générale de l’ONG.
Des accusations “injustes”
Amnesty International “transfère la responsabilité de l’agresseur à la victime”, a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans sa déclaration vidéo quotidienne, accusant l’ONG de “tenter d’amnistier l’État terroriste” de Russie.
“Si quelqu’un rédige un rapport dans lequel la victime et l’agresseur sont d’une certaine manière mis sur un pied d’égalité (…) cela ne peut être toléré”
“L’agression contre notre État est injustifiée, invasive et terroriste. Si quelqu’un rédige un rapport dans lequel la victime et l’agresseur sont d’une certaine manière mis sur un pied d’égalité, si certaines données sur la victime sont analysées et que les actions de l’agresseur sont ignorées, cela ne peut être toléré”, a ajouté Zelensky.
Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, s’était dit “indigné” par les accusations “injustes” d’Amnesty International qui, selon lui, crée “un faux équilibre entre l’oppresseur et la victime, entre le pays qui détruit des centaines et des milliers de civils, de villes, de territoires et le pays qui se défend désespérément”.
Amnesty International a toutefois, dans son rapport, insisté sur le fait que les tactiques ukrainiennes ne “justifient en aucun cas les attaques russes aveugles” qui ont frappé les populations civiles.
Les exportations de céréales se poursuivent
Quatre jours après le départ du port ukrainien d’Odessa du premier chargement de céréales depuis le début de l’invasion russe le 24 février, trois autres navires transportant plus de 58.000 tonnes de maïs, doivent à leur tour quitter l’Ukraine vendredi. “Le départ des trois bateaux est planifié grâce au travail intensif du Centre de coordination conjointe”, a affirmé jeudi soir le ministre turc de la Défense Hulusi Akar selon l’agence de presse officielle Anadolu.
Deux des navires partiront vendredi matin de Tchornomorsk, dans le sud du pays, et le troisième d’Odessa, comme le Razoni, qui a quitté ce port lundi, a précisé le Centre de coordination conjointe qui supervise les exportations de céréales ukrainiennes. Les trois nouveaux chargements sont à destination de Karasu en Turquie, de Ringaskiddy en Irlande et de Teesport au Royaume-Uni.
L’accord signé le 22 juillet entre la Russie et l’Ukraine, via une médiation de la Turquie et sous l’égide des Nations unies, a permis la reprise des envois vers les marchés mondiaux de céréales ukrainiennes, pour atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par la montée en flèche des prix des denrées dans certains des pays les plus pauvres.
Le document prévoit notamment l’instauration de couloirs sécurisés afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands et l’exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales. Un accord similaire signé simultanément garantit à la Russie l’exportation de ses produits agricoles et de ses engrais, malgré les sanctions occidentales.
Les Turcs espèrent aussi que ces accords contribueront à renforcer la confiance et conduire à des pourparlers de cessez-le-feu entre Moscou et Kiev.
La guerre aussi
Sur le terrain, des bombardements russes ont visé jeudi plusieurs autres villes et villages ukrainiens, dont Mykolaïv, dans le sud, où des immeubles d’habitations ont été endommagés dans deux quartiers, selon le maire Oleksandre Senkevitch.
Huit personnes ont été tuées et quatre blessées jeudi par une frappe russe ayant touché un arrêt de bus à Toretsk, près de la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, a annoncé le gouverneur régional.
À Kharkiv, la deuxième ville du pays, les autorités locales ont rapporté des attaques de missiles russes ayant frappé des zones industrielles. Les forces ukrainiennes mènent de leur côté une contre-offensive dans le sud du pays, où elles affirment avoir repris plus de 50 villages contrôlés par Moscou.
Plusieurs États membres de l’Union européenne et de l’OTAN fournissent à Kiev des armes sophistiquées pour l’aider à se défendre, et Bruxelles a adopté une série de sanctions.
Le Conseil européen a indiqué dans un communiqué avoir ajouté l’ancien président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch (2010-2014) et de son fils à la liste de personnalités visées par les sanctions européennes pour leur rôle présumé dans la menace sécuritaire à l’égard de l’Ukraine.
Ianoukovitch avait été renversé par un soulèvement populaire contre le virage pro-russe pris par son gouvernement. Suite à sa défaite, Moscou s’était emparé de la péninsule ukrainienne de Crimée et d’une enclave dans la région orientale de Donbass.
Par ailleurs, le ministre finlandais des Affaires étrangères a présenté jeudi un plan pour limiter les visas touristiques délivrés aux Russes, de plus en plus nombreux à se rendre dans ce pays nordique pour transiter vers d’autres pays européens après l’interruption des vols de la Russie vers l’UE du fait des sanctions.
(avec AFP)