La capacité contributive d’une large part de la population reste pour le moment faible et par conséquent, le corollaire de la généralisation de la protection sociale est on ne peut plus clair : une contribution significative de l’État”, a déclaré Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), à l’ouverture d’un colloque international tenu sous le thème “Protection sociale : un chantier de règne”.
Ainsi, la mobilisation des ressources pour financer la protection sociale fait face à des difficultés liées à la capacité contributive de la population, a-t-il souligné, citant des chiffres de l’enquête sur les revenus des ménages réalisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) juste avant la pandémie du covid-19.
“Les données de celle-ci indiquent que les 20 % de la population les plus aisés concentrent 53,3 % des revenus contre 5,6 % pour les 20 % les moins aisés. Cela laisse conclure qu’une large frange de la population dispose d’un revenu bien en deçà de la moyenne”, a fait remarquer Jouahri.
Et de poursuivre que ces résultats sont corroborés par les données du HCP issues de l’enquête nationale sur l’emploi qui font ressortir que sur les 27 millions de personnes en âge d’activité en 2021, plus de la moitié, soit 54,7 %, étaient des inactifs.
“Ce taux culmine à près de 80 % pour les femmes, un taux parmi les plus élevés au monde. De surcroît, et outre les 1,5 million de personnes qui sont au chômage, les 10,8 millions d’actifs occupés le sont en majorité dans des activités informelles et ne devraient pas disposer de revenus adéquats. D’ailleurs, les trois quarts d’entre eux ne bénéficient pas de couverture médicale”, a noté le Wali de BAM.
“Être à la hauteur de ses attentes”
Parallèlement, Jouahri a souligné qu’aujourd’hui, les autorités sont appelées à donner un contenu concret à ce chantier et à se conformer aux exigences et aux délais fixés par le roi, notamment dans le discours royal d’octobre 2020. “Pour cela, il faudrait une mobilisation exceptionnelle sur tous les plans pour être à la hauteur de ses attentes”, a-t-il préconisé.
Il suffit d’examiner les données de l’Organisation internationale du travail pour réaliser qu’un grand nombre de pays, y compris parmi les plus avancés trouvent encore des difficultés à atteindre une couverture généralisée en matière de protection sociale, a fait observer M. Jouahri.
D’après lui, les raisons sont multiples, liées en particulier à son coût élevé et à l’incapacité de l’offre en matière de soins de santé en particulier à répondre à la demande. “Cet écart, malheureusement, s’élargit même en raison notamment de facteurs démographiques liés au vieillissement de la population et à l’allongement de l’espérance de vie, des phénomènes qui ne sont pas spécifiques aux pays avancés, mais également aux pays qui connaissent une transition démographique accélérée comme le nôtre”, a-t-il ajouté.
Le Wali de BAM a, en outre, affirmé que “les défis aujourd’hui consistent à mobiliser les ressources humaines et financières nécessaires, mais également à assurer la cohérence et les synergies à même de permettre leur aboutissement et leur réussite”, a-t-il estimé.
(avec MAP)