Variole du singe: l'OMS déclare l'"urgence de santé publique" dans le monde

Le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de déclencher le plus haut niveau d'alerte pour tenter de juguler la flambée de variole du singe, qui touche d'abord des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, mais il a vigoureusement mis en garde samedi contre toute stigmatisation des malades.

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Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Crédit: Fabrice Coffrini / AFP

Le risque pour le monde du monde est relativement modéré mais reste élevé en Europe. Par précaution, l’Organisation mondiale de la Santé(OMS) a déclenché son plus haut niveau d’alerte à propos de la propagation de la variole du singe.

« J’ai décidé de déclarer une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) pour ce qui concerne l’éruption de variole du singe », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’un point presse.

« Cette flambée est concentrée parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, et en particulier ceux qui ont des partenaires multiples, ce qui veut dire qu’elle peut être stoppée avec les bonnes stratégies dans le bon groupe », a t-il précisé.

« Il est essentiel que tous les pays travaillent étroitement avec les communautés d’hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes » pour leur fournir assistance et informations, a insisté le patron de l’OMS.

Protéger la santé mais éviter la stigmatisation

« Ces mesures doivent protéger la santé, les droits humains et la dignité de la communauté affectée », a souhaité Tedros, en martelant: « La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n’importe quel virus ».

Le traitement discriminatoire et l’hostilité infligés aux malades contaminés par le virus du sida est présent dans tous les esprits, aussi bien des communautés touchées que des dirigeants de l’OMS, d’autant plus qu’ils font hésiter les malades à se faire soigner.

Depuis début mai, quand elle a été détectée en dehors des pays africains où elle est endémique, la maladie a frappé plus de 16.836 personnes dans 74 pays, selon le tableau de bord du Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) à la date du 22 juillet.

Washington a salué dans la décision de l’OMS « un appel à l’action de la communauté internationale pour mettre fin à la propagation de ce virus »« Une réponse coordonnée, internationale est essentielle pour mettre fin à la propagation de la variole du singe, protéger les groupes les plus à risque de contracter la maladie, et lutter contre l’épidémie », a déclaré Raj Panjabi, coordinateur du bureau de la Maison Blanche sur les pandémies, dans un communiqué.

Si les autorités sanitaires du Royaume-Uni, l’un des épicentres de la maladie, ont fait état d’une baisse du rythme de contagion, le nombre de cas augmente rapidement dans le monde. Un Nigérian qui avait quitté la Thaïlande après être devenu le premier cas de variole du singe dans ce pays, a été retrouvé samedi à Phnom Penh au Cambodge et emmené à l’hôpital, selon le ministère cambodgien de la Santé.

Tedros a expliqué que le comité d’experts avait été divisé, neuf voix s’étant élevées contre une USPPI face à six voix en faveur d’une telle mesure. In fine, c’est lui qui a tranché. « C’est un appel à l’action, mais ce n’est pas le premier », a souligné Mike Ryan, responsable des situations d’urgence de l’OMS.

La qualification d’USPPI est utilisée dans des situations « graves, soudaines, inhabituelles ou inattendues ». C’est seulement la 7e fois que l’OMS a recours à ce niveau d’alerte.

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