Une petite révolution du paysage médiatique afghan face à l’ordre régi par les talibans. Depuis leur retour au pouvoir l’année dernière, les talibans ont imposé une série de restrictions insidieuses à la société civile, dont une grande partie visent à limiter les droits des femmes.
Au début du mois, le chef suprême des talibans a émis un ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public, y compris le visage, idéalement avec la burqa traditionnelle.
Auparavant, seul un foulard couvrant les cheveux suffisait.
Le redouté ministère afghan de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice avait ordonné aux présentatrices de télévision de s’y conformer d’ici samedi.
« Elles doivent obéir »
Mais les journalistes femmes des chaînes TOLOnews, Shamshad TV et 1TV sont toutes passées à l’antenne, en direct, sans dissimuler leur visage.
« Nos consoeurs craignent que si elles se couvrent le visage, la prochaine chose qu’on leur dira sera d’arrêter de travailler », a expliqué Abid Ehsas, chef des informations de Shamshad TV.
« C’est la raison pour laquelle elles n’ont pas respecté l’ordre jusqu’à présent », a-t-il dit à l’AFP.
Mohammad Sadeq Akif Mohajir, porte-parole du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, a prévenu que ces femmes violaient la directive des talibans.
« Si elles ne s’y conforment pas, nous parlerons aux responsables », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Toute personne qui vit sous un système et un gouvernement particulier doit obéir aux lois et aux ordres de ce système, donc elles doivent appliquer l’ordre », a-t-il asséné.
Les talibans ont ordonné que les femmes travaillant au sein du gouvernement soient licenciées si elles ne respectent pas le nouveau code vestimentaire.
Les employés risquent également d’être suspendus si leurs épouses ou leurs filles ne s’y conforment pas.
Les talibans ont repris le pouvoir en août 2021 en annonçant un régime plus souple que lors de leur premier règne rigoriste.
Mais ils ont ces derniers mois recommencé à réprimer les oppositions et à éroder les libertés, notamment pour les femmes dans l’éducation, le travail et la vie quotidienne.
Ils ont commencé par exiger que les femmes portent au minimum un hijab, un foulard couvrant la tête mais laissant apparaître le visage.
Puis, début mai, ils leur ont imposé le port en public d’un voile intégral, de préférence la burqa, déjà obligatoire lorsqu’ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001.