Diplomate de carrière, Mme Colonna, 66 ans, est l’actuelle ambassadrice de France à Londres. Parmi les autres membres du gouvernement dirigé par la Première ministre Élisabeth Borne et annoncés vendredi par le secrétaire général de la présidence, figure un fidèle soutien d’Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu, au ministère des Armées. Celui-ci faisait déjà parti du précédent gouvernement au poste des Outre-mer. Mais aussi Pap Ndiaye, qui dirige le Musée national français de l’histoire de l’immigration. Nommé à l’Éducation, cet universitaire de 55 ans est spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis et des minorités. L’école est l’un des trois grands chantiers du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron.
Un gouvernement paritaire
Par ailleurs, une Franco-Libanaise, Rima Abdul Malak, a été nommée ministre de la Culture, une ascension remarquable pour cette quadragénaire spécialiste du spectacle vivant : elle a passé les dix premières années de sa vie à Beyrouth en pleine guerre civile, avant d’arriver à Lyon (sud-est) avec ses parents, son frère et sa sœur.
Le nouveau gouvernement, paritaire, avec 14 femmes et 14 hommes, comprend aussi plusieurs poids lourds qui ont été reconduits dont Bruno Le Maire à l’Économie et Gérard Darmanin à l’Intérieur. À présent formé, plus de trois semaines après la réélection du président Macron le 24 avril, ce gouvernement devra mener la bataille des législatives des 12 et 19 juin au cours desquelles le parti présidentiel tentera d’obtenir une nouvelle fois une majorité à l’Assemblée nationale.
Le premier Conseil des ministres se tiendra lundi autour du président centriste libéral. Le nouvel exécutif va être confronté à un agenda national et international particulièrement chargé et difficile avec la guerre en Ukraine, une inflation inédite depuis l’introduction de l’euro et une croissance en berne. Dans l’opposition, la pression sur l’exécutif s’était accentuée ces derniers jours avec des critiques sur le temps pris pour nommer un nouveau gouvernement après la réélection de Macron.
La candidate d’extrême droite Marine Le Pen avait jugé jeudi sur la chaîne BFMTV “particulièrement anormale” l’absence de gouvernement “lorsque l’on connaît la situation quotidienne des Français”, confrontés à l’impact de l’inflation. En nommant lundi Élisabeth Borne, technocrate issue de la gauche et plusieurs fois ministre, le chef de l’État a joué la continuité tout en s’efforçant d’envoyer un message à la gauche réformiste sans pour autant effrayer l’opposition de droite.
La presse française a parlé d’un “choix de la raison”, de l’efficacité et de la continuité alors que Mme Borne, 61 ans, a été successivement ministre des Transports, de l’Écologie et du Travail pendant le premier quinquennat de Macron, une des rares à y figurer depuis les débuts de sa présidence en 2017.
Le chef de l’État a promis, pour ce second mandat, de tenir compte de la colère exprimée par de nombreux Français pendant le mouvement populaire des “gilets jaunes”, révoltés contre sa politique fiscale et sociale, et de changer de méthode. Le contexte est tendu : selon un récent sondage de l’institut Ifop, une large majorité de Français (77 %) dit craindre une explosion sociale dans les prochains mois.