L’annonce de Moscou est intervenue après une nuit de violents bombardements au sol, depuis la mer et les airs sur les villes d’Ukraine, et alors que la guerre a poussé plus de 1,5 million de personnes à fuir pour se réfugier dans les pays voisins selon l’ONU.
Selon l’armée russe, la décision d’ouvrir des couloirs humanitaires a été prise après une “demande personnelle” du président français Emmanuel Macron adressée à son homologue russe Vladimir Poutine. Les deux dirigeants se sont entretenus pendant deux heures dimanche par téléphone.
Les villes de Kiev, Kharkiv et Marioupol concernées
Cette décision concerne Kiev, que les forces russes tentent d’encercler, mais également Kharkiv (nord-est), deuxième ville du pays visée dans la nuit de dimanche à lundi par des bombardements qui ont notamment pris pour cible le complexe sportif d’une université et des immeubles résidentiels, selon un journaliste de l’AFP.
La décision d’instaurer des couloirs humanitaires concerne également le port stratégique de Marioupol, sur la mer d’Azov dans le sud-est du pays, assiégé par l’armée russe et où une deuxième tentative d’évacuation humanitaire a échoué dimanche. Russes et Ukrainiens se sont mutuellement accusés d’avoir violé le cessez-le-feu accordé pour permettre cette opération.
“L’ennemi continue l’opération offensive contre l’Ukraine, en se concentrant sur l’encerclement de Kiev, Kharkiv, Tcherniguiv (nord), Soumy (nord-est) et Mykolaïev (sud)”, a indiqué l’état-major ukrainien dans un communiqué.
Vers un assaut sur Kiev ?
Les forces russes “accumulent leurs ressources pour lancer un assaut sur Kiev”, a-t-il ajouté. Dans la capitale, l’armée se tenait prête à détruire le dernier pont reliant la ville à son arrière-pays à l’ouest pour freiner la progression des chars russes.
“Si nous recevons l’ordre d’en haut, ou si nous voyons les Russes avancer, nous le ferons sauter… avec le plus grand nombre de chars ennemis possible”, a déclaré à l’AFP le sergent “Casper”, d’une unité de volontaires ukrainiens.
Dans les faubourgs ouest de Kiev, à Irpine, “du matin au soir, tous les bâtiments voisins ont été touchés, un tank est entré. C’était effrayant, nous avons eu peur. Avant cela, nous ne pensions pas que nous allions partir”, nous a témoigné Tetiana Vozniuchenko, 52 ans.
Des missiles russes tirés depuis la mer se sont abattus lundi sur le village de Touzly, dans la région d’Odessa, a indiqué un porte-parole militaire régional, Sergueï Bratchouk. Selon lui, les tirs ont visé des “sites d’infrastructures cruciales”, mais n’ont pas fait de blessé.
Plus tôt, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait averti que la Russie se préparait à bombarder Odessa, port stratégique sur la mer Noire.
Par ailleurs, à Lougansk, contrôlée par les séparatistes russes dans l’est de l’Ukraine, une forte explosion a provoqué lundi un incendie dans un dépôt de pétrole, selon l’agence de presse russe Interfax.
Les pourparlers se poursuivent
Une troisième séance de négociations entre Russes et Ukrainiens est prévue lundi. Mais les espoirs de succès sont minces, le président russe Vladimir Poutine ayant posé comme condition préalable à tout dialogue l’acceptation par Kiev de toutes les exigences de Moscou, notamment la démilitarisation de l’Ukraine et un statut neutre pour le pays.
Deux sessions précédentes de pourparlers s’étaient tenues à la frontière ukraino-bélarusse puis à la frontière polono-bélarusse.
Dimanche soir, lors de son entretien avec Emmanuel Macron, Poutine a affirmé qu’il “atteindrait ses objectifs” en Ukraine “soit par la négociation, soit par la guerre”, selon l’Élysée.
Il a cependant assuré qu’il “n’était pas dans son intention de procéder à des attaques des centrales nucléaires” et s’est dit “prêt à respecter les normes de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) pour la protection des centrales”, a déclaré la présidence française à la presse.
Au cours de son entretien avec son homologue français, le président russe a aussi de nouveau “nié que son armée prenne des civils pour cibles”, et a réaffirmé que “la responsabilité revenait aux Ukrainiens de laisser partir la population des villes encerclées”, selon la présidence française.
(avec AFP)