#Les50quiferontleMaroc. Partie 2/6: Entreprendre

Élus, acteurs économiques, membres de la société civile, artistes… ils ont moins de 40 ans et seront les décideurs et influenceurs de demain.

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Dresser une liste de ceux qui feront le Maroc de demain est un exercice toujours difficile. Toute sélection est forcément subjective et donc critiquable, c’est la règle d’un trombinoscope où, par principe, on ne peut jamais être exhaustif. Ceux que nous avons choisi de présenter incarnent, selon nous, le futur politique, économique, sociétal et culturel du pays. Nous avons mélangé des figures déjà connues, et à la carrière presque toute tracée, et de nouvelles têtes peu médiatisées mais qui font des choses intéressantes pour l’avenir du Maroc. Tous ont été choisis selon un principe : ils représentent une relève dans leurs domaines respectifs, ont de l’ambition pour eux-mêmes et pour leur pays. Nous avons voulu bien évidemment mettre en avant un maximum de femmes, mais nous avons buté sur une réalité bien locale : elles sont hélas toujours aussi peu présentes à des postes de décision, en politique et en économie. Une réalité qui doit changer. Nous y croyons et espérons qu’elles seront de plus en plus nombreuses à militer, à exceller, à oser, à créer et à entreprendre.

Le dossier est divisé en six parties, que nous publieront successivement sur Telquel.ma. Voici une deuxième sélection de profils qui ont en commun leur esprit d’entreprise.

Entreprendre

Mohamed BENAJIBA

Mohamed Benajiba, directeur général de Vita Couture

De Dior aux usines tangéroises

Mango, Zara, Top Shop… il fournit (presque) toutes les grandes enseignes de “fast fashion” européennes. Avec Vita Couture et ses quatre usines, Mohamed Benajiba, 32 ans, propose un service intégral à ces marques : de la création de collections à la livraison, en passant par la confection. Son leitmotiv : la création de valeur ajoutée marocaine. Pour lui, le royaume doit se fonder sur des écosystèmes complets du textile. Si cet ancien de Dior imagine dans dix ans un Maroc modèle régional en matière d’énergie, d’écologie et d’industrie, il estime que l’éducation est essentielle : “Si on ne booste pas la création de profils adaptés, on risque d’avoir de belles usines, mais avec une rentabilité faible, et donc pas viables”.

Ayoub Eddaira

Ayoub Eddaira, conseiller juridique à la Banque africaine de développement

He’s BAD !

Pendant douze ans, il a été avocat d’affaires à Paris et à Londres dans des cabinets renommés. Il conseillait de grandes entreprises et réglait des contentieux financiers. La carrière de cet ancien d’Oxford et de Harvard était toute tracée. Sauf qu’il ne se voyait pas faire la même chose toute la vie. En 2015, il rejoint la Banque africaine de développement (BAD) comme conseiller juridique. Il y a travaillé sur la construction d’une centrale électrique en Sierra Leone, le financement d’une autoroute au Sénégal et le développement d’un programme d’énergies renouvelables en Égypte.

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Meryem Belkziz, directrice D’Uber

Un femme au volant

Uber Maroc vient de souffler sa première bougie et compte déjà 5000 clients réguliers à Casablanca, la seule ville desservie pour l’heure par le service de véhicules de transport avec chauffeur. Aux commandes de l’entreprise, Meryem Belkziz, 35 ans, biberonnée à la nouvelle économie, qui croit dur comme fer à la digitalisation du Maroc. “Dans dix ans, ce sera un des pays les plus novateurs d’Afrique”, lance-t-elle, évoquant les tendances de fond mondiales auxquelles le royaume n’échappera pas : développement de l’auto-entrepreneuriat et carrières plus flexibles. Avec Uber, elle a compris que les Marocains “sont très friands de technologies qu’ils adoptent très vite”, encore faut-il les aider en favorisant l’économie collaborative à travers une réglementation plus libérale. Une nouvelle économie où, selon Meryem Belkziz, les femmes trouveront plus d’opportunités et moins de barrières que dans les métiers classiques.

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Mohammed Boumediane, fondateur de Ziwit

Le traqueur de hackers

C’est un entrepreneur précoce. À 11 ans, en 1999, il lance son site Boumediane.com, qui ne tarde pas à subir des cyberattaques. Un bien pour un mal, qui permet à l’adolescent de pénétrer les méandres de la sécurité informatique, une vocation qui sera parachevée par des études en sécurité d’information et cryptologie. En 2011, il fonde Ziwit, basée à Montpellier, en France. L’entreprise devient rapidement le leader européen de la sécurité des plates-formes Web, avec pour clients des mastodontes d’Internet comme Google et Twitter. En France, Mohammed Boumediane assure la sécurité informatique de près de 80% des sociétés du CAC 40. Au Maroc, il diversifie ses activités et se présente désormais comme un capital risqueur. “J’ai pris plusieurs participations majoritaires, notamment dans des startups marocaines telle que download.gg, un site de partage de fichiers”, indique-t-il. Et de s’empresser de préciser : “C’est un concurrent de taille pour Wetransfer et Dropbox”.

Yanis Ayouch

Yanis Ayouch, directeur général de Shem’s publicité

Fils de pub

Il s’est confronté dans un premier temps à l’entrepreneuriat, aux côtés du réalisateur Anouar Mouatassim, dans la société de production Casablanca Pictures. Puis, Yanis Ayouch a rejoint tout naturellement l’agence de publicité Shem’s, fondée par son père, Noureddine Ayouch. Depuis 2015, il en est le directeur général après avoir été directeur de la création. Le plus jeune de la fratrie Ayouch a entrepris, à l’instar de ses frères Nabil et Hicham, des études de cinéma, mais a choisi la création publicitaire, qu’il veut dépoussiérer. “La communication évolue tous les jours, au gré de l’actualité, des tendances et des nouvelles technologies. Il faut sans cesse s’adapter à l’apparition de nouvelles façons de communiquer et de nouveaux médias”, analyse le publicitaire.

Leyth Zniber

Leyth Zniber, fondateur d’Impact Lab

Business angel

Tout le monde le voyait diriger Diana Holding, le groupe vinicole bâti par son père Brahim Zniber et qu’il a rejoint en 2006. Mais il quitte l’entreprise familiale en avril 2013, après avoir tout de même aidé à restructurer Diana Holding dont il était devenu co-président directeur général en 2010. C’est que Leyth Zniber veut voler de ses propres ailes. En business angel. En janvier 2014, il lance Impact Lab, une plateforme d’accompagnement des entrepreneurs et de leurs écosystèmes. “Nous finançons l’amorçage de projets entrepreneuriaux et développons des programmes de support aux entrepreneurs”, détaille-t-il. En octobre 2015, le fils Zniber convainc l’accélérateur Numa de s’installer au Technopark de Casablanca pour aider les jeunes startupers marocains. Devenu l’un des business angels les plus actifs dans l’écosystème startup, il ambitionne de faire de sa plateforme casablancaise un hub régional entre le reste du monde et l’Afrique. Un point de jonction entre entrepreneurs locaux et internationaux.

Ahmed Kadiri

Ahmed Kadiri, directeur général d’Initiative Digital

Spin doctor 2.0

Il marche sur les pas de son père. Fils de Hamid Kadiri, PDG de KLEM, Ahmed Kadiri est depuis 2013 directeur général d’Initiative Digital, dépendant de Maghreb International Media (MIM). À 31 ans, il assure la communication digitale de la COP22. L’aventure a déjà commencé pour lui avec la campagne Zero Mika. “Nous voulons vulgariser l’écologie pour que cette cause interpelle les Marocains”, nous explique-t-il. Il qualifie cette expérience de “challenge” car il doit répondre à un niveau d’exigence international.

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Moulay Mhammed Elalamy, secrétaire général de Saham

De l’assurance

Le fils de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et patron du holding Saham, cultive la discrétion. Tout le contraire de son père. Le monde des affaires découvre Moulay Mhammed Elalamy en 2014 quand, âgé de 25 ans, il intègre le holding en tant que directeur général de Saham Assistance. Il avait débuté sa carrière en dehors du groupe familial, faisant un passage chez Boston Consulting Group à Paris et Abraaj Group. Mais il a rejoint le bercail suite à la nomination de son père en tant que ministre. En 2015, il prend les rênes de Saham Agri et, dix mois plus tard, est nommé secrétaire général de Saham Holding.

Lire aussi : #Les50quiferontleMaroc. Partie 1/6: S’engager

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