C’est un métier qui, sous l’ère de Trump, ne demande visiblement pas de qualifications diplomatiques, pas d’expérience dans la résolution de conflit, ni aucune connaissance du Moyen-Orient : envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient. Ce poste qui n’existait pas sous l’administration Biden a été ressuscité par Donald Trump, et c’est Steven Witkoff, un investisseur immobilier, qui en aura la charge. Qui est-il, et pourquoi Donald Trump l’a-t-il choisi ?
Golf baby golf
Le golf et la politique sont deux pratiques aux frontières très fines chez Donald Trump. “Je défie Joe le corrompu à un 18 trous ici à Blue Monster (un parcours de golf appartenant à la Trump Organisation, ndlr)”, avait-il déclaré lors de la campagne électorale, avant que Joe Biden ne s’en retire. De la même manière, celui qui deviendra le 47e président des États-Unis a choisi pour devenir son envoyé spécial au Moyen-Orient l’un de ses partenaires de ce sport.
Steven Witkoff était présent lors de la deuxième tentative d’assassinat qui a menacé la vie du candidat républicain le 15 septembre dernier, lors d’une partie de golf en Floride. “J’ai vu mon ami Donald Trump, fort, courageux et stoïque, plus inquiet pour ses amis que pour lui-même. C’est un véritable exemple de leadership”, écrit-il le jour suivant sur X — réseau social qu’il a rejoint pour soutenir la campagne de son coéquipier de golf.
Yesterday was a day I will never forget. I watched my very close friend @realDonaldTrump be his typical strong, courageous and stoic self, concerned about his friends first before thinking of himself. That is the truest example of leadership. To the Secret Service and the Agent… pic.twitter.com/DKcldIFkSL
— Steve Witkoff (@SteveWitkoff) September 16, 2024
Et sous la case compétences ?
Avant d’être le copain de Donald Trump, le CV de Steven Witkoff affiche une carrière d’investisseur en immobilier. Il est propriétaire, fondateur et co-dirigeant de Witkoff Group, une société d’investissement et de développement dans le foncier. L’homme d’affaires s’est engagé en politique, particulièrement dans la campagne républicaine, pour laquelle il a levé d’importantes sommes d’argent auprès de la communauté juive — dont il partage la confession.
“L’investisseur immobilier n’a pas d’expérience dans la diplomatie et n’est pas un connaisseur du Moyen-Orient”, écrit Times of Israel dans sa présentation du personnage. La seule qualité qui semble convaincre le président-élu est le succès de son ami dans le “monde des affaires et de la philanthropie”. Pas une fois Donald Trump n’évoque la moindre attache de Steven Witkoff avec la région. Néanmoins, le quotidien basé à Jérusalem note que cela “n’avait pas été un critère pour les nominations faites par Trump au cours de son premier mandat”.
La comparaison avec l’ancien envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient, Jared Kushner, ne s’arrête pas là. Lui aussi est investisseur dans des projets immobiliers, lui aussi est un proche du président — son gendre, mari d’Ivanka Trump — et lui aussi est un soutien inconditionnel d’Israël.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 13, 2024
Steven Witkoff ne s’est véritablement engagé en soutien de son partenaire de golf que lorsque Joe Biden a suspendu la livraison de 2.000 bombes à Israël. C’est à ce moment, affirme-t-il dans le média américain Bulwark, qu’il a commencé à lever des fonds pour la campagne de Donald Trump.
Quelques jours plus tard, il a manifesté son engagement en se rendant personnellement à Washington, pour assister au discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain. “Son discours était fort. C’était fabuleux d’être dans cette pièce”, témoigne-t-il à Fox News quelques heures après l’évènement. “C’était spirituel comme moment. Nous étions debout toutes les cinq secondes tant la foule était avec lui et transcendée par son message”, a-t-il déclaré, comme une profession de foi envers le gouvernement et la politique de Netanyahu.