Équateur : un nouveau membre du Conseil de sécurité de l’ONU se range derrière le Maroc

La ministre des Affaires étrangères de l’Équateur, Gabriela Sommerfeld, a annoncé à son homologue Nasser Bourita le 22 octobre sa décision de suspendre la reconnaissance par son pays de la “RASD”.

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Gabriela Sommerfeld, ministre des Relations extérieures et de la Mobilité humaine de l'Équateur. Crédit: Gabriela Sommerfeld / X

Quarante ans et puis s’en va. L’Équateur a suspendu, ce mardi, sa reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en vigueur depuis 1983 et où l’État d’Amérique latine avait ouvert une ambassade en 2009.

Une source proche du pouvoir marocain souffle à TelQuel que c’est lors d’un entretien téléphonique que la ministre des Affaires étrangères équatorienne Gabriela Sommerfeld a annoncé à son homologue Nasser Bourita sa décision. Une lettre de Quito aurait également informé le Front Polisario de la décision diplomatique.

Pour la même source, cette suspension ouvre un nouveau chapitre entre le Maroc et l’Équateur. Le pays d’Amérique latine, d’un peu plus de 18 millions d’habitants, exerce sur la région et la scène internationale un poids croissant en matière diplomatique. Aussi, sa décision ravit le ministre des Affaires étrangères, d’autant que l’Équateur est membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2023-2024, et se prononcera le 31 octobre lors du vote du prolongement de la MINURSO.

Cibler le Conseil de sécurité

Cette victoire diplomatique de Rabat s’inscrit dans une dynamique de rapprochement avec les États membres — permanents ou non — du Conseil de sécurité de l’ONU. Objectif : rallier à son plan d’autonomie les pays membres du Conseil de sécurité appelés à se prononcer chaque automne sur le prolongement ou non de la MINURSO.

Le dernier exemple en date, avant l’Équateur, était la Slovénie. Ljubljana, membre non permanent du Conseil, s’est retrouvée, au début du mois de septembre, embarquée au centre d’une dispute entre le Maroc et l’Algérie, chacun revendiquant le soutien du petit État d’Europe centrale dans leur vision pour le Sahara.

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Dans son analyse, TelQuel expliquait que le “soutien à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental” exprimé par Tanja Fajon, la ministre des Affaires étrangères, ne remettait pas en cause son adhésion au plan d’autonomie proposé par le Maroc, en ce qu’elle ne faisait pas référence à un quelconque référendum.

Un autre membre non permanent qui a donné des signes de rapprochement avec le Maroc sur la question du Sahara est la Corée du Sud. Selon un article du Policy Center for the New South, si la Corée “reconnaît les efforts du Maroc dans la résolution du conflit” dans le cadre des résolutions des Nations unies, par souci de “ménager le voisin algérien”, elle reste discrète. Exemple de ce soutien discret au Maroc, en juin dernier, la Corée a organisé son sommet avec l’Afrique sous l’égide de l’ONU et non de l’UA, excluant de fait le Polisario.

La France, membre permanent du Conseil de sécurité, a elle aussi fait montre — sans ambiguïté — d’un soutien à Rabat dans le dossier. Game changer s’il en est, car en plus de siéger au Conseil de sécurité, l’Hexagone figure dans le “Groupe des Amis du Sahara”, dont l’influence sur les débats au Conseil de sécurité n’est pas à négliger.