Tanger Med, une réussite royale
Le complexe industrialo-portuaire de Tanger Med fait partie des chantiers structurants que le roi a lancés au tout début de son règne, en 2002. Ce projet d’ampleur, piloté par un de ses proches, le conseiller Abdelaziz Meziane Belfkih, est réalisé en un temps record : inauguré en 2007, il a incité Renault à y installer une usine dans ce qui est devenu Tanger Automotive City (TAC), une des 8 zones d’activités économiques de la ville.
Al Boraq, la LGV marocaine
“LGV, éléphant blanc ou train du développement ?” se demandait TelQuel à la veille de l’inauguration de la Ligne à grande vitesse Tanger-Kénitra par Mohammed VI et Emmanuel Macron, le 15 novembre 2018. Car le projet, lancé en 2011, a fait face aux critiques de partis politiques et de la société civile, pour qui l’énormité de l’investissement (30 milliards de dirhams) aurait pu financer d’autres chantiers de développement. TelQuel notait alors que la logique derrière Al Boraq n’avait de sens que si elle s’inscrivait dans un réseau national à grande vitesse reliant les grandes villes du royaume. Désormais, les LGV reliant Casablanca à Marrakech puis à Agadir sont en préparation.
Souveraineté, la bataille de l’énergie
“Pour Mohammed VI, les énergies renouvelables sont ce qu’étaient les barrages pour Hassan II : un chantier de règne”, écrivait TelQuel en 2016. Le monarque a posé en 2009 les premiers jalons d’une stratégie énergétique intégrant le solaire et l’éolien. De nombreux projets ont vu le jour depuis, comme les centrales solaires Noor I, II et III à Ouarzazate. Mais l’absence de vision, la multiplicité des acteurs, la réforme de l’ONEE au point mort, et le manque de leadership font que le secteur risque de rater sa transition vers les énergies renouvelables malgré les atouts du Maroc. Pourtant, les tensions géopolitiques et diplomatiques de ces dernières années, notamment avec l’Algérie, ont souligné l’importance d’assurer la souveraineté et la sécurité énergétique du royaume.
Référendum, la Constitution-surprise de 2011
20 février 2011 : le Printemps arabe bat son plein, et les Marocains sont descendus dans la rue. Une partie du royaume retient son souffle : les forces de l’ordre vont-elles réprimer les manifestants ? Le 9 mars, Mohammed VI leur répond en annonçant une réforme de la loi fondamentale, octroyant plus de pouvoir aux institutions élues, et instituant une véritable monarchie parlementaire. Et la Constitution de 2011 accorde certes une plus grande marge de manœuvre au Chef du gouvernement, au parlement… mais le roi ne cède rien sur ses prérogatives. Le pouvoir, c’est Lui.
L’AMO, une révolution sociale
C’est une volonté royale qui est à l’origine de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). En pleine crise du Covid, le 29 juillet 2020, Mohammed VI annonce que “le moment est venu de lancer le processus de généralisation de la couverture sociale au profit de tous les Marocains”. Le projet est colossal, mais quatre ans plus tard, 29,8 millions de Marocains (selon le gouvernement) peuvent bénéficier de l’AMO. Le hic ? Elle est en danger. Le nombre élevé d’assurés risque de plomber la sinistralité, et donc creuser le déficit, si rien n’est fait pour corriger le tir.
Développement, rapport du cinquantenaire et NMD
Avec le Rapport du cinquantenaire, Mohammed VI avait confié, en 2006, à son conseiller Abdelaziz Meziane Belfkih le soin de lui dessiner un projet de règne. Le résultat : un portrait sans concession des atouts et des faiblesses du Maroc, et un rapport truffé de recommandations pour le développement humain du pays. Mais en 2019, l’État peine à se réformer et semble faire du surplace. Le souverain demande alors à 35 personnalités dirigées par Chakib Benmoussa d’élaborer un Nouveau modèle de développement. Benmoussa lui remet en mai 2021 – avec quelques mois de retard, Covid oblige – une véritable feuille de route, un schéma de développement intégré courant jusqu’en 2035, fruit d’une longue réflexion et de consultations menées tambour battant à travers le Maroc. Mais ce plan peine à se trouver une place dans le programme du gouvernement Akhannouch présenté en décembre 2021. Et depuis, il semble avoir été oublié dans les tiroirs de la plupart de ses ministres.
Égalité, le “roi des femmes”
La photo est puissante. Mohammed VI est entouré de femmes, souriantes, portant toutes une jellaba claire. Le roi reçoit des militantes pour l’égalité homme-femme, alors que la réforme de la Moudawana, qu’il a impulsée en 2003, a été adoptée par le parlement. A l’époque, les médias, laudateurs, évoquent “le roi des femmes” ou la “plus importante réforme de Mohammed VI depuis son intronisation”. Vingt ans plus tard, une nouvelle réforme du Code de la famille est dans le pipe, à nouveau à l’initiative du roi, afin d’accorder enfin aux femmes l’égalité instituée par la Constitution de 2011. Le projet est actuellement entre les mains du Conseil supérieur des oulémas, auquel Mohammed VI a demandé “d’examiner” certaines questions et “d’émettre une fatwa à ce sujet”.
Afrique, place au pragmatisme et cap au Sud
En 25 ans de règne, la stratégie du royaume en matière de diplomatie et de relations internationales a changé du tout au tout, dans la forme comme dans le fond. Sous l’impulsion du souverain, le Maroc a diversifié ses alliances, notamment Sud-Sud, et a cessé de se concentrer sur le pourtour méditerranéen. Mohammed VI a ainsi multiplié les tournées en Afrique subsaharienne, sortant le Maroc de son isolement sur son propre continent. Une stratégie couronnée par le retour du royaume dans l’Union africaine en 2017, et qui a fait avancer de manière incontestable la “question nationale”, la marocanité du Sahara. Enfin, en novembre 2023, le roi a officialisé la réorientation stratégique du royaume vers son versant atlantique afin de lui ouvrir “un accès complet sur l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain”.
Automobile, constructeur n°1 en Afrique
Tout a commencé par un tour de force : en août 2007, en présence du roi, un contrat-cadre pour la réalisation de l’usine Renault de Tanger est signé. A suivi l’usine Stellantis (Peugeot-Citroën-Fiat) à Kénitra. Et en 2017, le Maroc se prend à rêver d’importer la mobilité de demain : le patron du constructeur automobile chinois, BYD, sérieux concurrent de Tesla d’Elon Musk, signe alors à Casablanca, devant le roi, un protocole d’accord pour la création d’un “écosystème de transport électrique” dans la future cité industrielle Mohammed VI de Tanger. Si aujourd’hui, aucune des 4 usines prévues n’a été construite, le projet ne serait pas tout à fait enterré, surtout que le Maroc est en train de bâtir un écosystème de la batterie électrique.