Tentative d’assassinat contre Donald Trump : ce que l’on sait

Donald Trump, 44e président des États-Unis et candidat à la 46e investiture, a été victime d’une tentative d’assassinat ce samedi lors d’un meeting à Butler, Pennsylvanie. Détails.

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L’image est d’ores et déjà historique. Donald Trump, oreille sanglante, poing en l’air au milieu de ses gardes du corps, est escorté hors de l’estrade où pleuvaient des balles quelques secondes plus tôt. Lors d’un meeting organisé en Pennsylvanie pour sa campagne, samedi 13 juillet, l’ancien président des États-Unis a fait l’objet d’une tentative d’assassinat.

La fièvre passée, que sait-on du tireur, des failles de sécurité qui lui ont permis de passer à l’acte, et quelles conséquences pour la suite de cette élection présidentielle déjà sous tension ?

L’identité du tireur

L’homme qui aurait tenté d’assassiner Donald Trump se nomme Thomas Matthew Crooks, 20 ans. Il avait tout du citoyen “sans histoire”. Interrogés par nos confrères de CBSNews, ses camarades de classe le décrivent comme “intello et timide”, mais gentil, et ne donnant jamais l’impression d’être “bizarre comme un tireur dans les écoles”. Employé dans une maison de retraite, diplômé en sciences de l’ingénieur, les autorités affirment que le jeune homme n’avait aucun antécédent ni troubles mentaux apparents, et qu’il était jusque-là resté sous les radars des autorités.

Thomas Matthew Crooks avait néanmoins essayé — sans succès — de faire partie du club de tir scolaire et était membre du Clairton Sportsmen’s Club, un centre de tir du nord de la Pennsylvanie qui dispose d’un champ de plus de 180 mètres. Lors de la tentative d’assassinat, il était armé d’un fusil AR-15 appartenant à son père qui l’avait acheté légalement en 2013.

Le Federal Bureau of Investigation (FBI) a fouillé sa maison, sa présence sur internet et sa voiture. Dans cette dernière, près des lieux de l’incident, a été retrouvé du matériel capable de fabriquer deux engins explosifs. Même constat dans son domicile, où, selon les enquêteurs, un troisième explosif aurait pu être confectionné. Si, pour le moment, les recherches indiquent que le tireur a agi seul, le FBI cherche encore à savoir s’il a reçu de l’aide lors de son passage à l’acte. Par ailleurs, le bureau cherche à déterminer si l’incident représente un cas de terrorisme domestique, comme le laisse envisager la présence de matériaux explosifs.

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Concernant les motifs du tireur, la piste politique semble pour le moment floue. Thomas Matthew Crooks était inscrit comme électeur républicain pour l’élection présidentielle du 5 novembre, mais avait fait à 17 ans un don de 15 dollars à ActBlue, un comité d’action politique qui lève des fonds pour les démocrates.

Thomas Matthew Crooks a été abattu par les services de sécurité sur le toit où il se tenait.

Des failles de sécurité ?

Quelques minutes après la tentative d’assassinat sur Donald Trump, des républicains venus assister au meeting organisé par l’ancien président ont affirmé avoir prévenu les forces de l’ordre qu’un homme rampait sur un toit avec un fusil. Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos amateurs ont montré des citoyens américains pointant du doigt un homme sur un toit peu avant d’entendre les tirs. “C’est vraiment en train de se passer ?”, entend-on.


Mais comment, à environ 130 mètres de l’estrade, Thomas Matthew Crooks a-t-il pu être en mesure de tirer sur Donald Trump ? Depuis samedi, les services de renseignements sont désignés comme les principaux responsables d’une présumée faille de sécurité. La directrice de l’USSS (United States’ Secret Services), Kimberly Cheatle, a été appelée à témoigner devant un comité de la Chambre des représentants à Washington le 22 juillet prochain. Son prédécesseur, Charles Marino, a affirmé à la BBC que parmi les missions des agents aurait dû figurer la surveillance des lieux alentour et la signalisation des “zones à risque”.

Pour autant, rien n’indique pour le moment que cette reconnaissance n’ait pas été effectuée. Un agent du FBI chargé de l’enquête a affirmé, toujours à la BBC, qu’il ne pouvait pas dire qu’il existait une faille de sécurité tant que l’enquête était en cours.

Des réactions “horrifiées”

“Aujourd’hui, nous sommes tous républicains”, avait soufflé à l’oreille de Ronald Reagan le chirurgien démocrate qui opéra le 40e président des États-Unis après sa tentative d’assassinat en 1981. 43 ans plus tard, les Américains sont-ils à présent tous MAGA (Make America Great Again) ?

L’actuel président des États-Unis, Joe Biden, a affirmé le soir même qu’il “comptait discuter avec Donald au téléphone”, avant d’affirmer qu’il n’y a “pas de place pour ce genre de violence aux États-Unis”, et que “chacun doit la condamner”. Le lendemain, dans un discours désireux de “baisser la température de ces élections”, il a déclaré que démocrates et républicains étaient “opposants et pas ennemis. Nous sommes amis, collègues, citoyens, et plus que tout nous sommes compatriotes”.

Le chef de la majorité au Sénat, le démocrate Chuck Schumer, a écrit sur X : “Je suis horrifié par ce qu’il vient de se passer et soulagé que l’ancien président Trump soit hors de danger”. Son opposant au Sénat et probable colistier de Donald Trump, James Vance, a quant à lui directement mis en cause Joe Biden, dont la rhétorique de campagne “antifasciste” a “directement mené à la tentative d’assassinat”.

À l’international, de nombreux chefs d’État ont exprimé leur inquiétude sur la situation. C’est le cas de Mohammed VI, qui s’est dit “choqué et profondément attristé par l’effroyable tentative d’assassinat”. Il a tenu à condamner “fermement la violence politique” et a souhaité un “prompt rétablissement à Donald Trump”. “Mes pensées et mes prières vous accompagnent, M. le Président, votre famille, ainsi que les victimes innocentes de cet acte déplorable”, conclut le message.

À travers les États-Unis, les réactions politiques se sont mêlées aux condoléances pour l’homme, père de deux enfants, qui a été mortellement blessé suite aux tirs visant Donald Trump. Deux autres hommes ont été touchés. Parmi les trois victimes figuraient un vétéran de la Marine et un pompier volontaire.

Quel impact sur les élections ?

Alors que le camp démocrate est en pleine tourmente suite à la piètre performance de son candidat lors du débat face à Donald Trump, cette tentative d’assassinat pourrait influer sur le vote des indécis. “Nous sommes plus que dans la merde”, a tempêté un membre de longue date du parti démocrate au micro de NBC News. Pour lui comme pour beaucoup, l’image “indélébile” du candidat républicain, le visage maculé de sang et le poing en l’air, a scellé la course à la Maison Blanche, face à un Joe Biden vieillissant.

Toujours sur la chaîne NBC, un consultant vétéran des démocrates a rendu les armes : “La course aux présidentielles s’est terminée samedi soir.” Considérant que la figure de Donald Trump attirait dorénavant la sympathie des indécis, il affirme qu’il est temps de “se concentrer sur les élections sénatoriales”.