Future Africa Leaders : l’engagement de Wissal Rida pour l’autonomisation des femmes

Tout juste récompensée du Future Africa Leaders Award, Wissal Rida n’a pas une minute à elle ; l’engagement n’attend pas. À seulement 23 ans, cette diplômée de l’ESI, engagée auprès de Casa Chabab et coordinatrice régionale pour le Youth Policy Center, a de grands projets pour sa communauté, en premier lieu les femmes.

Par

Le Maroc a remporté le prestigieux prix annuel Future Africa Leaders Awards (FALA), grâce à Wissal Rida. Ce prix vise à récompenser des initiatives exceptionnelles qui contribuent au développement communautaire en Afrique. Crédit: DR

Wissal Rida vient de recevoir le “Future Africa Leaders Award” (FALA) au Nigeria. Elle a 23 ans et vient seulement de décrocher son master. Engagée pour l’éducation et l’inclusion économique des jeunes femmes venues de zones rurales, mais aussi la lutte contre le cancer du sein et pour le développement communautaire au Maroc, Wissal Rida ne compte pas les heures.

Des étoiles dans les yeux

Originaire de Ain Sebaâ à Casablanca, la jeune femme avait un rêve d’enfance : aider sa communauté “de toutes les manières possibles”. “J’avais plein de rêves, mais je rêvais avant tout de pouvoir jouer un rôle actif dans la transformation sociale, que ce soit à travers l’éducation, le service communautaire ou l’innovation. C’est pour ça, oui, que je voulais faire une école d’ingénieur”, se souvient-elle.

Cette école d’ingénieur, l’ESI, a été un tremplin pour Wissal, “une expérience exceptionnelle à bien des égards”. Elle y crée un club d’intelligence compétitive et prend le leadership. Entourée d’une majorité de femmes dans sa promotion, elle affirme que cette représentation féminine, dès les études supérieures, “a contribué à créer un environnement où chacun se sentait valorisé et respecté indépendamment de son genre”.

Une triple casquette

De fil en aiguille, elle est repérée par Youssef Oukhallou, président du think-and-do tank marocain Youth Policy Center (YPC), qui la contacte sur LinkedIn. Cette organisation, fondée en 2014, est un tremplin pour l’autonomisation économique et politique des jeunes, et travaille en partenariat avec différentes ONG africaines et européennes, ainsi qu’avec les institutions nationales. Très vite, elle devient membre du conseil et coordinatrice régionale du centre, en parallèle de ses études.

En 2023, c’est la consécration : la jeune analyste est recrutée en cabinet de conseil à temps plein, et s’engage dans le même temps comme manager de projet et formatrice pour le “Programme international de l’entreprise rurale” du YPC. Cette initiative met l’accent sur l’entrepreneuriat féminin dans les régions rurales du Royaume, représentant 50 communes. À travers des ateliers et formations dispensés à 60 jeunes marocains — dont 80 % de femmes — à Rabat, l’association travaille à “transformer le potentiel créatif de ces jeunes en projets viables”. Un objectif final : préparer ces jeunes entrepreneuses — et entrepreneurs — au marché marocain et européen, en partenariat avec le Conseil danois de la jeunesse (DUF).

“Je crois que les femmes font preuve de créativité et de résilience, mais elles rencontrent toujours des obstacles tels que le manque d’accès aux financements”

Wissal Rida

Cette aide est nécessaire, car si Wissal constate qu’“il y a déjà des progrès dans la reconnaissance du potentiel des femmes dans le leadership marocain”, elle déplore un manque d’information et d’opportunités proposées aux jeunes femmes porteuses de projets. “Je crois que les femmes font preuve de créativité et de résilience, mais elles rencontrent toujours des obstacles tels que le manque d’accès aux financements. Elles ne savent même pas par où commencer. Je crois qu’il est important de créer un environnement favorable à leur autonomisation économique. Leur contribution est essentielle pour un développement durable et inclusif.”

Un documentaire poignant suit le parcours des participantes à ce programme, confrontées aux défis de la vie en zone rurale, où les écoles se trouvent parfois à 40 km, et aux conséquences supplémentaires du séisme dans le Haouz. “Ce film a également servi de plaidoyer pour l’éducation et l’autonomisation des filles dans ces régions, en soulignant l’importance de leur rôle dans le développement socio-économique des communautés rurales”, ajoute-t-elle.

Wissal Rida ne s’arrête pas là. Engagée depuis 2021 au sein de l’association Casachabab, elle prête une attention particulière à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein et au don du sang, dans les lycées comme lors de grands événements. L’association mène également des caravanes médicales dans les zones rurales et a permis le dépistage de cancers à stade précoce auprès d’un nombre significatif de femmes.

Cette vocation, elle ne sait elle-même l’expliquer : “J’ai toujours été intéressée par le volontariat et les activités sociales. C’est quelque chose qui me passionne et qui ne devait pas rester seulement une activité parascolaire.

Pourquoi s’arrêter là ?

Wissal a la vie devant elle et voit grand pour l’avenir — “peut-être un doctorat” —, mais la ligne directrice reste inchangée : “Je veux élargir mon impact et contribuer de manière significative au progrès dans ma communauté en premier lieu.”

En parallèle, elle est consultante pour le nouveau projet du YPC, “Youth Inclusion in Gender Just Law Reforms”, qui vise à accroître la participation des jeunes à l’élaboration de lois en faveur de l’égalité hommes-femmes et pour promouvoir la justice de genre. Elle participe aussi au lancement de l’Académie de leadership politique, qui vise à offrir une formation et des stratégies aux jeunes marocains pour se présenter aux prochaines élections.

À ce rythme, Wissal tient le bon bout, Award en main : future leader africaine, c’est certain.

à lire aussi